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De retour au Venezuela, Guaido appelle à maintenir la pression sur le régime

Juan Guaido Photo: THE CANADIAN PRESS/AP/Lucio Tavora
Rédaction - Agence France-Presse

L’opposant vénézuélien Juan Guaido, rentré lundi au Venezuela malgré la crainte d’être arrêté, a aussitôt lancé un nouvel appel à manifester samedi pour maintenir la pression sur le régime de Nicolas Maduro.

«Samedi on continue! Tout le Venezuela se retrouvera dans la rue. Nous ne resterons pas une minute ni même une seconde tranquilles tant que nous n’aurons pas retrouvé la liberté», a-t-il lancé devant des milliers de personnes massées sur une place de Caracas, moins d’une heure après son arrivée.

Juan Guaido, président autoproclamé reconnu par une cinquantaine de pays, avait quitté clandestinement le pays il y a une dizaine de jours pour se rendre en Colombie. Arrivé lundi à la mi-journée à l’aéroport de Caracas, il a été accueilli par ses partisans et par un comité d’ambassadeurs européens et latino-américains venus garantir sa sécurité, a expliqué le représentant de la France Romain Nadal.

Risques encourus

«Nous connaissons les risques que nous courons, ça ne nous a pas retenus : nous sommes ici, plus fort que jamais!» a lancé M. Guaido avant de sortir de l’aérogare en costume sombre et chemise blanche, tout sourire, debout sur le toit d’une voiture.

Au moment même où son avion se posait à Caracas, le vice-président américain Mike Pence promettait depuis Washington une «réaction rapide» en cas de «menaces, violences ou intimidations» contre l’opposant de 35 ans.  «Les États-Unis attachent la plus grande importance au retour au Venezuela de Juan Guaido en toute sécurité», a-t-il averti sur Twitter. 

Juan Guaido a aussitôt rejoint une place de Caracas où l’attendaient des milliers de ses partisans qu’il a galvanisés en déclarant, bras levés au côté de son épouse: «Vous avez devant vous le président de la République du Venezuela!»

«Malgré les menaces des groupes armés, je vous le demande: avez-vous une once de peur? Nous voici, plus forts que jamais!» a-t-il répété en appelant à «rester mobilisés dans toutes les rues du Venezuela».

«Les fonctionnaires de l’immigration m’ont accueilli en disant, « Bienvenue président »», a-t-il affirmé. Mais «nous avons affaire à une dictature qui ne va pas céder volontairement le pouvoir, il faut continuer de faire pression».

«Nous allons insister pour que l’aide humanitaire arrive dans ce pays» a-t-il également promis: c’est pour forcer le passage de ces convois de vivres et de médicaments bloqués à la frontière colombienne, et dont manque cruellement le pays confronté aux pénuries et à une hyperinflation à huit chiffres, que le chef de l’opposition, président de l’Assemblée nationale, avait bravé il y a une dizaine de jours une interdiction de quitter le pays.

Théoriquement, M. Guaido, en tant que président de l’Assemblée nationale, dispose de l’immunité parlementaire, mais il fait l’objet d’une enquête pour «usurpation» même s’il n’a pas été formellement accusé.

De Colombie, il a par la suite entamé une tournée dans quatre autres pays du continent, accueilli partout en chef d’État.

Ultime erreur

Juan Guaido avait annoncé la semaine dernière son intention de rentrer au pays «malgré les menaces». Dimanche soir, via les réseaux sociaux, il a mis en garde le régime de Nicolas Maduro contre toute «tentative de l’enlever», qui constituerait selon lui «son ultime erreur». «Demain nous retrouvons notre pays, nos fonctions. Bien sûr il y a un risque, mais ce n’est pas nouveau».

Son retour représente un dilemme pour le président socialiste en place, Nicolas Maduro, qui doit décider s’il l’arrête, au risque de provoquer la communauté  internationale, ou s’il le laisse rentrer sans encombre et défier son autorité.

Le Venezuela traverse depuis une quarantaine de jours une série de turbulences politiques, en plus d’une grave crise économique marquée par une hyperinflation estimée à 10 millions de pour cent par le FMI sur l’année, ainsi que des pénuries de produits de base et de médicaments.

Nicolas Maduro a répété ces derniers jours qu’en tant que chef du Parlement, son rival devait «respecter la loi», et que s’il rentrait au pays, il devrait «rendre des comptes à la justice».

Depuis qu’il s’est proclamé le 23 janvier président par intérim en qualifiant M. Maduro d’«usurpateur», en raison des soupçons de fraudes qui pèsent sur son élection à un deuxième mandat, Juan Guaido s’est appuyé sur la rue et a convoqué plusieurs manifestations de soutien qui ont fait une quarantaine de morts et des centaines de blessés.

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