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May tente de sauver son accord de Brexit, promis à un nouveau rejet

AFP Photo: AFP
Rédaction - Agence France-Presse

La Première ministre Theresa May tentait mardi de sauver son accord de Brexit menacé d’un nouveau rejet lors d’un vote au Parlement britannique, dont l’issue pourrait plonger un peu plus le Royaume-Uni dans l’incertitude.

À moins de trois semaines de la date prévue du Brexit, le 29 mars, les députés britanniques voteront dans la soirée sur le Traité de retrait de l’UE, qui doit permettre une sortie en douceur de leur pays de l’Union européenne et qu’ils avaient massivement recalé en janvier.

Pour éviter une nouvelle défaite humiliante, Theresa May s’est rendue lundi soir à Strasbourg pour des négociations de dernière minute, au terme desquelles elle a annoncé avoir obtenu des «changements légalement contraignants». Mais qui risquent de ne pas être suffisants pour convaincre la Chambre des communes.

Déterminée à défendre ce texte jusqu’au bout, la dirigeante conservatrice a pris la parole dans l’après-midi devant les députés en les mettant en garde contre les conséquences d’un rejet.

«Les membres de cette Assemblée sont confrontés à un choix très clair: voter et soutenir cet accord […] ou prendre le risque de ne pas conclure d’accord», a-t-elle déclaré.

«Si l’accord n’est pas approuvé ce soir, le Brexit pourrait être perdu», a-t-elle insisté, l’air fatigué et la voix enrouée, comme une métaphore des difficultés qu’elle rencontre dans ce processus d’une incroyable complexité, déclenché après le vote des Britanniques en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016.

À quelques heures du vote, Theresa May avait de quoi être inquiète, les appels à voter contre le texte ne cessant de s’accumuler après la publication de l’avis du conseiller juridique du gouvernement, l’attorney général Geoffrey Cox, selon qui «le risque juridique» présenté par l’accord «reste inchangé» malgré les concessions de Bruxelles revendiquées par Mme May.

Ces concessions concernent le «Backstop» («filet de sécurité»), la disposition la plus controversée de l’accord de divorce. Il s’agit d’un dispositif de dernier recours qui vise à éviter le retour d’une frontière physique entre les deux Irlande afin de préserver les accords de paix de 1998 et l’intégrité du marché unique européen.

Les «Brexiters» craignent en effet de rester indéfiniment «piégés» dans une union avec l’Union européenne car le «filet de sécurité» implique un alignement étroit de tout le Royaume-Uni sur les règles commerciales européennes en attendant la conclusion d’un accord sur les futures relations.

Malgré le fait que M. Cox ait aussi estimé que les changements obtenus lundi réduisaient «le risque» que le Royaume-Uni soit «indéfiniment et contre sa volonté» pris dans le «filet de sécurité», un groupe influent de parlementaires eurosceptiques a recommandé le rejet de l’accord.

Le chef du Parti travailliste, principal parti d’opposition, Jeremy Corbyn, avait appelé dès lundi soir à voter contre.

Quant au parti unioniste nord-irlandais DUP, dont les 10 élus sont indispensables à Theresa May pour avoir une majorité absolue, il a jugé qu’il n’y avait «pas eu suffisamment de progrès».

Les changements sur lesquels sont tombés d’accord Mme May et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Strasbourg ne créent pas de nouveaux mécanismes juridiques.

Mais ils sont censés «clarifier» noir sur blanc, et de manière «juridiquement contraignante», que Londres pourra suspendre de manière unilatérale le backstop s’il est établi que l’UE n’a pas négocié de «bonne foi» pour remplacer ce dispositif controversé.

Côté européen, le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a estimé que ces modifications «fournissaient une clarification» et des «garanties supplémentaires».

L’UE a fait «des propositions claires et conséquentes», «on s’est donné du mal», a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel.

M. Juncker a lui prévenu: «Il n’y aura pas d’interprétation de l’interprétation, pas d’assurance sur l’assurance si le vote échoue».

Tandis que les députés débattaient sur le traité, une centaine de personnes étaient rassemblées devant le Parlement, agitant des drapeaux européens.

«On est ici parce qu’il y a le vote le plus important [sur le Brexit]», a déclaré à l’AFP Pat Gillies, une retraitée espérant un rejet de l’accord pour qu’un nouveau référendum soit organisé.

Au milieu de ces europhiles, quelques pro-Brexit détonnaient en réclamant une sortie sans accord le 29 mars, «jour de l’indépendance».

Si l’accord est rejeté, les députés voteront mercredi sur la possibilité de sortir de l’UE sans accord, un scénario redouté par les milieux économiques.

Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau jeudi, cette fois sur une proposition de report «limité» du Brexit.

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