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Cuba: pression sur le tourisme à cause de nouvelles sanctions américaines

Touriste américaine à La Havane Photo: Ramon Espinosa/AP
Rédaction - Agence France-Presse

Les États-Unis ont imposé mardi de nouvelles sanctions sur l’industrie touristique cubaine, un secteur essentiel pour l’économie de l’île des Caraïbes accusée d’ingérence au Venezuela pour son soutien au régime du président Nicolas Maduro.

Washington, qui accuse plus largement La Havane de jouer un «rôle déstabilisateur» en Amérique latine, interdit désormais aux Américains de se rendre à Cuba en voyages de groupe.

Les sanctions visent également les bateaux de croisière, de pêche ou de plaisance et l’aviation privée ou d’affaires, mais pas les vols commerciaux alors que plusieurs compagnies américaines ont des liaisons directes vers les aéroports cubains, selon le département d’État.

Ce nouveau train de sanctions doit entrer en vigueur mercredi mais ne concerne pas les voyages ou séjours réservés avant mardi.

Ces sanctions «sont directement liées» à l’industrie touristique cubaine, a précisé le département d’État dans un communiqué.

Les Etats-Unis «tiennent le régime cubain responsable de sa répression du peuple cubain, de son ingérence au Venezuela et de son rôle direct dans la crise orchestrée par Nicolas Maduro», selon la diplomatie américaine.

L’interdiction de voyager «éloigne les dollars américains du régime cubain et de ses services de renseignement et de sécurité qui contrôlent l’industrie touristique», a précisé un porte-parole du département d’État.

Le chef de la diplomatie cubaine Bruno Rodriguez a dénoncé sur Twitter la volonté des États-Unis «d’asphyxier l’économie et de nuire au niveau de vie des Cubains pour nous arracher des concessions politiques». «Ils vont encore échouer», a-t-il prédit.

Ces mesures s’attaquent à un secteur-clé pour le pays, alors que le nombre de touristes américains dans l’île a presque doublé entre janvier et avril par rapport à la même période en 2018.

Cuba est soumis à un embargo américain depuis 1962, qui limite notamment les voyages des citoyens américains. Ils pouvaient néanmoins jusqu’ici s’y rendre sous 12 différentes clauses: projets professionnels, artistiques, sportifs, de «soutien au peuple cubain» ou activités religieuses.

Mais les sanctions affectent aussi l’industrie touristique américaine, notamment les croisiéristes pour qui Cuba était devenue une escale de choix, à seulement quelques heures de Miami.

Effet immédiat, la compagnie Royal Caribbean Cruises a indiqué mardi «ajuster les itinéraires de ses croisières des 5 et 6 juin, qui ne s’arrêteront plus à Cuba», et examiner la nouvelle réglementation américaine.

«Nous surveillons de près ces récentes informations et tous leurs effets sur les voyages en croisière vers Cuba», a commenté dans un communiqué le croisiériste Norwegian Cruise Line.

Tessie Aral, propriétaire de l’agence de voyages ABC Charters à Miami, s’attend «à une baisse importante du volume de ventes» après l’entrée en vigueur des sanctions. Beaucoup de ses clients sont d’origine cubaine, qui préfèrent la traversée en bateau à l’avion, plus cher.

«Ce qu’ils (le gouvernement) font est contre-productif. Cela va affecter les entrepreneurs privés à Cuba» comme les restaurants privés ou les locations chez l’habitant, a-t-elle dit à l’AFP.

Collin Laverty, le président de Cuba Educational Travel, une agence de voyages spécialisée, a dénoncé «un spectacle politique» de Donald Trump destiné à la communauté exilée cubaine de Floride «dans l’optique des élections de 2020».

Le président républicain, qui brigue un second mandat, compte sur le soutien des Américains d’origine cubaine, farouchement opposés au régime communiste, dans cet État qui pourrait faire basculer le scrutin.

Son prédécesseur démocrate Barack Obama avait initié fin 2014 un réchauffement historique avec le pouvoir castriste, auquel Donald Trump a mis fin après son entrée en fonctions en renforçant l’embargo et les sanctions.

En avril, les États-Unis avaient interdit à des sociétés cubaines, dont Gaviota, branche de l’armée cubaine dédiée au tourisme, de bénéficier de transactions financières américaines directes.

Et Washington a activé début mai le chapitre III de la loi Helms-Burton qui permet aux exilés cubains de poursuivre devant les tribunaux américains les entreprises qui ont réalisé des gains grâce à des sociétés nationalisées après la révolution cubaine de 1959.

Cette mesure était suspendue depuis plus de deux décennies par les présidents américains, démocrates comme républicains.

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