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Greta Thunberg: le visage juvénile de l’urgence climatique

Greta Thunberg
Greta Thunberg Photo: Maja Hitij/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Derrière son visage poupon et son regard perçant, elle suscite autant l’espoir que la controverse: la jeune suédoise Greta Thunberg, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique, a pris conscience très jeune de ce qui se jouait autour d’elle.

Agée aujourd’hui de 16 ans, «la fille de» (sa mère est une chanteuse d’opéra, son père un comédien devenu producteur), citée pour le prix Nobel de la Paix 2019, est parvenue en moins d’un an à se faire son propre nom, bien au-delà des frontières suédoises.

Elle s’apprête maintenant à rejoindre New York sur un voilier, direction le sommet mondial sur le climat organisé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le 23 septembre.

Son combat a commencé à la vue de tous il y a un an, le 20 août 2018, quand elle a entamé seule devant le Parlement suédois sa première «grève de l’école pour le climat», munie de son panneau éponyme qui ne la quittera plus.

La Suède, loin de la culture de la grève, était alors en pleine campagne électorale pour les législatives.

À cette époque, les médias suédois ne s’intéressaient encore que peu au combat de l’adolescente.

Depuis, la jeune fille, reconnaissable à ses deux longues tresses tombantes sur les épaules, a fait la Une des plus grand journaux et magazines internationaux, du Time Magazine à Vogue et continuait jusqu’à peu de prendre ses quartiers chaque vendredi aux abords du Parlement national.

«J’ai l’intention de continuer jusqu’à ce que la Suède se conforme à l’accord de Paris», affirmait-elle à l’AFPTV fin 2018, devant l’institution.

Son combat, baptisé «Fridays For Future», s’est depuis considérablement étendu.

De la Suède à l’Australie, de l’Europe à l’Amérique, il a fait florès sur tous les continents, porté par une partie de la jeunesse mais non sans s’attirer certaines critiques.

«Vous n’êtes pas obligés de nous écouter, nous ne sommes que des enfants après tout», avait-elle ironisé lors de sa visite en France en juillet, face aux attaques mettant en cause sa légitimité à incarner le combat contre le réchauffement climatique.

C’est à l’école, quand elle avait «huit ou neuf ans», que Greta Thunberg commence à s’intéresser au climat: «Mes professeurs m’ont dit que je devais économiser du papier et éteindre les lumières. Je leur ai demandé pourquoi et ils m’ont répondu qu’il y a quelque chose qu’on appelle changement climatique» [qui était en train de se jouer], raconte la jeune fille à l’AFP.

Celle qui n’est encore qu’une enfant a dès lors arrêté de manger de la viande, de boire du lait, d’acheter des produits neufs — «sauf si nécessaire».

«Ce sont juste quelques petits changements dans ma vie », résume-t-elle.

Dans l’appartement familial cossu et spacieux, niché en plein coeur de Stockholm, les habitudes de la famille ont elles aussi rapidement changé.

Sa mère Malena Ernman, son père Svante Thunberg, et sa soeur cadette Beata ont pris conscience du combat de l’aînée de la famille après sa dépression: hantée par la cause climatique et les menaces l’entourant, la jeune fille est tombée malade à 11 ans, arrêtant de s’alimenter, d’aller à l’école et de parler, raconte son père.

Sa mère a alors cessé de voyager à travers le monde, poursuit-il, limitant ses déplacements aux pays nordiques et abandonnant l’avion pour rejoindre le combat mené par sa fille, qui refuse de voler «à cause du climat».

À 12 ans, Greta Thunberg est diagnostiquée autiste Asperger. «Mon cerveau fonctionne un peu différemment donc je vois le monde d’un point de vue différent, je le vois principalement en noir ou », explique-t-elle sur le ton calme qui la caractérise.

«Je suis très directe, je dis les choses telles qu’elles sont, et quand j’ai décidé de faire quelque chose, je le fais bien».

Une attitude qu’elle relie au syndrome et dont elle estime en faire une force, face aux critiques qui la disent manipulée.

La jeune fille, scolarisée jusqu’à juin dernier en neuvième année (l’équivalent de la classe de troisième en France), a souvent suivi ses cours à distance cette année en raison de ses nombreux déplacements.

Ce qui ne l’a pas empêchée d’afficher d’excellents résultats scolaires. Sa pire note? B (17,5/20), en sport et en enseignement ménager.

L’adolescente a toutefois annoncé qu’elle allait maintenant prendre une année sabbatique. «Si je n’avais pas quitté l’école et voyagé autant, j’aurais pu obtenir un A dans toutes les matières. Mais ça valait le coup», confessait-elle en juin, non sans fierté, au journal Dagens Nyheter.

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