«C’est un geste d’amour et d’humilité»
«Le fait de résigner est un grand changement en soi. Benoît XVI est un grand homme, une personne de tradition, mais capable d’actions nouvelles», confie avec émotion Andrea Riccardo, ministre de la Coopération économique, fondateur de la communauté de Sant’Egidio et professeur d’histoire à l’université Roma Tre. M. Riccardo était proche du pape et il a accepté de répondre aux questions de Métro.
Quelle est votre évaluation de Benoît XVI en tant que pape?
Il a été un grand pape. Quand il a été élu, je me rappelle que deux théories apparaissaient dans les journaux. On disait qu’il était un pontife de transition ou d’uniformisation de l’Église, après les années de l’extraordinaire Jean-Paul II. Benoît n’était ni l’un, ni l’autre. Il était un bon pasteur, pas une personne faible. Il a gouverné l’Église pendant une période difficile, tant à l’interne que dans les relations avec le monde. Il mettait la Parole de Dieu dans le cœur de chaque discours et il s’est montré un homme de tradition qui avait le courage d’innover. Mais surtout, le pape est un homme de prière et de Bible.
Quelle est, selon vous, la raison de sa résignation : la fatigue ou la pression à l’intérieur du Vatican?
Ses mots étaient clairs. Le pape ne sent pas qu’il a la force de mener cette entreprise si complexe qu’est l’Église. Cela ne veut pas dire une soumission aux difficultés, mais bien la foi que l’Église trouvera les ressources humaines et spirituelles nécessaires pour relever les défis de notre époque.
C’est un geste d’amour et d’humilité.
Quelle sera la réaction des catholiques dans le monde?
La surprise et la consternation sont les premières réactions à tout, c’est normal. Nous avons grandi avec le concept de la mort d’un pape, et non de sa résignation. Nous comprendrons mieux ce geste et peut-être qu’à l’avenir nous réaliserons mieux ce qu’implique l’action de résigner. La magnanimité d’un pape si serein et déterminé dans des temps comme ceux-ci est la meilleure réponse à nos soucis.