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Trump: les démocrates plus proches que jamais d’une procédure de destitution

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Photo: Patrick Semansky/AP

Tous les regards étaient braqués mardi au Congrès américain sur la dirigeante démocrate Nancy Pelosi, qui tient entre ses mains la décision explosive d’ouvrir une procédure de destitution contre Donald Trump. Une perspective controversée à laquelle se rallient de plus en plus d’élus modérés outrés par l’affaire ukrainienne.

Combatif et visiblement indigné, le président américain a pris le temps, avant son grand discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, de nier encore une fois avoir fait pression sur l’Ukraine afin de tenter de nuire à son rival démocrate Joe Biden.

Ce dernier, ancien vice-président de Barack Obama et favori de la primaire démocrate, a annoncé qu’il ferait une déclaration sur cette affaire et «l’abus de pouvoir», selon lui, de M. Trump à 14H30..

Jugeant «ridicule» les discussions sur une procédure de destitution à son encontre, Donald Trump accuse les démocrates d’agiter ce spectre par pur calcul politique.

«Ils ne savent pas comment m’arrêter» avant l’élection présidentielle de 2020, a-t-il tempêté.

C’est pourtant justement un calcul électoral qui a poussé Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants, à freiner pendant de longs mois l’aile progressiste de son parti, qui appelait déjà à ouvrir cette procédure après plusieurs autres affaires.

La Chambre, à majorité démocrate, serait chargée d’ouvrir cette procédure de mise en accusation.

Puis le Sénat, contrôlé par les républicains qui restent en majorité fidèles à M. Trump, serait chargé du «procès».

Fine stratège, Nancy Pelosi arguait que déclencher cette procédure, très impopulaire dans les sondages, alors que Donald Trump serait certainement acquitté par un Sénat républicain pourrait coûter aux démocrates les élections en novembre 2020.

Au grand dam des progressistes, Mme Pelosi, 79 ans, s’est donc longtemps dressée en pare-feu pour protéger les démocrates modérés de la Chambre, qui ont remporté leurs sièges dans des circonscriptions plus conservatrices et craignaient de ne pas survivre lors des prochaines élections.

Mais l’affaire ukrainienne a fait céder plusieurs digues.

D’une part, les élus les plus à gauche ne se gênent plus pour interpeller directement leurs leaders, à l’image de la benjamine du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez qui est allée, ce week-end, jusqu’à affirmer que «le plus grand scandale national n’est pas le comportement du président qui viole la loi — c’est le refus du parti démocrate de le destituer pour cela».

De l’autre, plusieurs modérés ont ces derniers jours annoncé qu’ils étaient désormais ouverts à une procédure de destitution, à condition que les allégations soient prouvées.

Au total, plus de 150 élus sur les 235 démocrates siégeant à la chambre basse (435 parlementaires au total) sont désormais favorables à initier une procédure de destitution.

Nancy Pelosi rencontrera mardi après-midi les présidents de plusieurs puissantes commissions puis elle réunira son groupe parlementaire au complet.

Après avoir pris le pouls de sa majorité, elle devrait faire une déclaration.

Chez les candidats à la primaire démocrate, les plus progressistes, Elizabeth Warren en tête mais aussi Bernie Sanders ou Kamala Harris, tous sénateurs, appellent depuis déjà plusieurs mois à lancer une procédure de destitution.

Le centriste Joe Biden s’en est pour l’instant tenu à l’écart, s’attachant surtout – depuis que cette complexe affaire a éclaté au grand jour la semaine dernière – à rejeter farouchement les accusations de Donald Trump contre lui.

Selon plusieurs médias américains, il pourrait soutenir une procédure de destitution si le milliardaire républicain ne coopère pas avec les enquêtes parlementaires.

Au coeur de toute l’affaire: une conversation téléphonique organisée cet été entre les dirigeants ukrainien et américain.

Un mystérieux lanceur d’alerte, membre des services de renseignement américains, a fait peu après un signalement à sa hiérarchie pour sonner l’alarme sur cet appel.

On ignore ce qui l’a alerté mais les démocrates soupçonnent M. Trump d’avoir tenté de pousser M. Zelensky à enquêter sur la famille Biden, en utilisant notamment une aide militaire comme levier de pression.

Si M. Trump a admis publiquement avoir mentionné Joe Biden et son fils, Hunter, qui a travaillé pour un groupe gazier ukrainien à partir de 2014, lors de cette conversation, il dément fermement toute pression.

Il se dit ouvert à ce que la retranscription de cet appel soit publiée. Mais les démocrates réclament que la Maison Blanche livre aussi au Congrès ce signalement, dès cette semaine.

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