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Bolivie: Morales au second tour, polémique sur la lenteur des résultats

Bolivie: Morales au second tour, polémique sur la lenteur des résultats
Evo Morales Photo: Dean Mouhtaropoulos/Getty Images

La polémique enflait dans la nuit de dimanche à lundi en Bolivie, où l’opposition et les observateurs internationaux reprochaient aux autorités électorales leur lenteur, au moment où le président sortant Evo Morales semblait se diriger vers un second tour inédit.

Dimanche, peu avant 20h (heure locale), la présidente du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE), Maria Eugenia Choque, a annoncé que le chef de l’État socialiste était en tête du premier tour, avec 45,28% des voix, tandis que le centriste Carlos Mesa totalisait 38,16% des votes, selon près de 84% des bulletins dépouillés.

Mais ensuite, plus rien. La page web du TSE était figée.

Changement en Bolivie?

En réaction, vers 23h, le principal adversaire d’Evo Morales a dénoncé la situation. «Nous exigeons que le décompte du TSE reprenne! Ce qui arrive est très grave. Le second tour, confirmé par toutes les données indépendantes, ne peut pas être remis en question!», a écrit M. Mesa sur Twitter.

Peu après dans une vidéo, il a appelé ses partisans à organiser des veillées devant les centres électoraux à travers le pays.

L’Organisation des États américains (OEA), qui avait déployé une centaine d’observateurs internationaux, allait dans le même sens en demandant des comptes: «il est essentiel que le TSE explique pourquoi la transmission des résultats partiels a été interrompue».

«On est au second tour!», s’était réjoui devant ses partisans survoltés le journaliste et ex-président Mesa, dans la foulée des premiers résultats.

Lui emboîtant le pas depuis le palais présidentiel, dans le centre de La Paz, le chef de l’État avait dit faire confiance au vote des zones rurales pour éviter un second tour, face à des centaines de partisans du Mouvement vers le socialisme (MAS) qui scandaient «Evo, tu n’es pas seul!».

«Le peuple bolivien s’est imposé pour continuer le « processus de changement »», s’est-il félicité en référence au nom du programme gouvernemental, disant attendre «jusqu’au dernier bulletin».

«Je suis sûre que les résultats vont se confirmer en faveur d’Evo Morales», estimait Alejandra Guzman, 40 ans, dans l’enceinte du palais présidentiel.

«Usure» du gouvernement

Pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40% des voix avec 10 points de pourcentage d’écart sur le second.

«Ca semble désormais très difficile que le résultat change. Il faudrait pour cela que 75% des votes manquant soient en faveur du MAS et cela ne va pas arriver car il y a une usure» du gouvernement, voulait croire l’analyste Daniel Valverde.

«En cas de second tour, ça devient un référendum» pour ou contre Evo Morales, analysait pour sa part Gaspard Estrada, spécialiste de l’Amérique latine à Sciences Po Paris.

Neuf candidats aspiraient à diriger la Bolivie, mais seul Carlos Mesa, qui fut déjà président entre 2003 et 2005, semblait en mesure de faire trébucher le chef de l’État de 59 ans, jusqu’ici systématiquement élu dès le premier tour.

Dans ce pays de 11,3 millions d’habitants, le vote est obligatoire.

Craignant des fraudes, Jorge Aguilera, 24 ans, et son père Hector, ont suivi de près, en tant que simples citoyens, le dépouillement dans le collège Hugo Davila.

«Je ne crois pas que la fraude ait lieu à ce niveau (…) mais au moment de rentrer l’information dans le système informatique. Le risque est là!», a déclaré Hector à l’AFP, une fois le décompte manuel terminé.

Tant les partisans du MAS que ceux de l’opposition, dont certains secteurs ont appelé à la «rébellion», ont promis de descendre dans la rue en cas de victoire du camp adverse.

La décision de M. Morales de briguer un quatrième mandat, malgré le «non» lors du référendum de février 2016, est très mal vue par une partie des Boliviens et critiquée par l’opposition, qui estime que le pays pourrait verser dans l’autocratie en cas de nouvelle victoire.

En outre, les gigantesques incendies qui ont ravagé en août et septembre une zone presque de la taille de la Suisse ont provoqué l’indignation des peuples indigènes, qui accusent Evo Morales d’avoir sacrifié la Pachamama, la Terre mère en langue quechua, pour étendre les terres agricoles et augmenter la production de viande destinée à la Chine.

Les défenseurs de l’environnement mettent en cause une récente loi autorisant une augmentation de 5 à 20 hectares de la déforestation par brûlis.

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