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Blocages au Liban: les manifestants maintiennent la pression

Blocages au Liban: les manifestants maintiennent la pression
Des contestataires occupent le «Ring» à Beyrouth le 4 novembre 2019. Photo: Sam Tarling/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Les contestataires au Liban ont bloqué des routes et empêché des banques et administrations publiques d’ouvrir lundi, pour maintenir la pression au lendemain d’une journée de mobilisation massive contre la classe politique, dont les promesses ne sont pas parvenues à enrayer un soulèvement inédit.

Le mouvement de protestation entre dans sa troisième semaine alors que depuis le 17 octobre des centaines de milliers de manifestants ont envahi les places des principales villes pour crier leur colère face à une classe dirigeante accusée de corruption et d’incompétence, dans un pays en proie à une grave crise économique.

Utilisant des bennes à ordures, assis au milieu de la route, garant des voitures en travers de la chaussée, les manifestants ont bloqué lundi plusieurs autoroutes et des axes de circulation importants.

Certaines routes ont progressivement été rouvertes. Ces derniers jours, les contestataires ont installé des barricades sur de nombreuses routes à travers le pays, se livrant au jeu du chat et de la souris avec la police antiémeute.

À Saïda, grande ville côtière du sud, les manifestants se sont rassemblés devant plusieurs banques mais aussi des administrations publiques comme la municipalité, les compagnies d’électricité et d’eau, pour les empêcher d’ouvrir leurs portes, selon un correspondant de l’AFP. Des fermetures similaires ont été constatées à Tripoli, deuxième ville du pays dans le nord.

À Beyrouth, les manifestants ont partiellement bloqué le «Ring», pont autoroutier situé à un carrefour important du centre, coeur névralgique du soulèvement dans la capitale. D’autres se sont rassemblés près de la Banque centrale, dans un autre secteur de la ville selon des correspondants de l’AFP.

«On ferme les routes pour faire pression sur le pouvoir, pour la formation du gouvernement», lâche Steven, un manifestant de 34 ans au chômage depuis deux ans.

«Personne ne nous écoute», poursuit le jeune homme, qui travaillait dans l’immobilier.

Pendant près de deux semaines, le Liban s’est retrouvé quasi paralysé avec la fermeture des banques et des écoles, mais ces derniers jours le pays avait retrouvé un semblant de normalité.

Le soulèvement a entraîné la démission du premier ministre Saad Hariri et de son gouvernement – qui continue toutefois de gérer les affaires courantes.

«Il faut du sang neuf», insiste Youssef Fadel, un manifestant bloquant une route à Beyrouth. Pas question «d’un gouvernement alliant technocrates et responsables de partis», martèle le jeune homme, sans emploi lui aussi.

Les manifestants entendent maintenir la pression pour obtenir un gouvernement compétent et indépendant.

Dimanche soir, illustrant la vitalité du mouvement, des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées à Beyrouth, mais aussi Tripoli, ou encore Saïda et Tyr (sud).

Brandissant des drapeaux libanais, allumant des fumigènes qui provoquent une trainée lumineuse dans la nuit, des milliers de personnes se sont rassemblées place des Martyrs au coeur de Beyrouth, entonnant l’hymne nationale et autres chants patriotiques.

«Révolution!», «Le peuple veut la chute du régime», ont scandé les contestataires, accompagnant leurs slogans d’applaudissements rythmés ou le poing en l’air.

Le portable à bout de bras avec l’option “torche” activée, certains agitaient des petits drapeaux pour accompagner les rythmes électro et techno crachés par des hauts-parleurs.

Plusieurs milliers de partisans du président de la République Michel Aoun s’étaient eux aussi rassemblés dimanche sur la route du Palais présidentiel, au sud-est de Beyrouth, pour lui exprimer leur soutien.

Lundi, le président Aoun a appelé au «dialogue» avec les manifestants pour arriver à une «entente». Il a assuré sur Twitter qu’une des priorités du gouvernement serait de «poursuivre la lutte contre la corruption».

Le quotidien francophone l’Orient-Le Jour a souligné qu’aucune date n’avait été fixée pour le début de consultations parlementaires contraignantes pour désigner le premier ministre.

La présidence «continue de faire la sourde oreille», a accusé le quotidien alors que la crise économique s’aggrave.

La contestation rejette catégoriquement le système politique traditionnel, dominé depuis des décennies par les mêmes partis et les mêmes clans familiaux, qui se veulent les principaux représentants des différentes communautés religieuses du pays.

Le système, qui a été redéfini à la fin de la guerre civile (1975-90), impose un fragile équilibre entre les différentes communautés.

Il ouvre la voie à des tractations interminables avant la formation de chaque gouvernement ou la prise de grandes décisions politiques sur l’avenir du pays.

Les Libanais sont aussi exaspérés par l’absence de services publics dignes de ce nom, avec notamment de graves pénuries d’eau et d’électricité et une gestion archaïque des déchets.

Au Liban, plus du quart de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2012, selon la Banque mondiale.

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