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Coronavirus: l’angoisse monte en Italie, onze villes en quarantaine

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Un homme remplit sa voiture après avoir reçu un accès de 10 minutes à un supermarché local par groupes de 20 personnes à Casalpusterlengo, au sud-ouest de Milan, en Italie. Photo: Emanuele Cremaschi/Getty Images
Rédaction - Agence France-Presse

Carnaval de Venise stoppé, onze villes en quarantaine pour deux semaines, train pour l’Autriche stoppé: le Nord de l’Italie se prépare à vivre des jours d’angoisse et de restrictions après une soudaine et spectaculaire flambée des cas du nouveau coronavirus en trois jours.

La découverte de plusieurs foyers vendredi, jour où a été annoncé le premier décès d’un Italien (et d’un Européen), puis la multiplication rapide des cas, passés de six à près de 150 dimanche, préoccupe les autorités et la population locale.

«Virus Paralysie», titre le grand journal Repubblica. Tous les médias publient des recommandations sur la manière d’éviter la contagion ou d’expliquer l’épidémie aux enfants.

L’Italie compte désormais 152 cas dont trois décès, ce qui en fait le pays le plus touché en Europe, depuis qu’a démarré l’épidémie de pneumonie virale en décembre en Chine. Les cas les plus nombreux ont été recensés en Lombardie (région de Milan) avec 112 contaminations et 22 en Vénétie (région de Venise).

Dimanche soir, les chemins de fer autrichiens ont annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre du trafic sur une importante liaison avec l’Italie passant par le col du Brenner où un train a été arrêté en raison de deux cas suspects de coronavirus.

«Les liaisons ferroviaires par le Brenner sont interrompues en raison d’un décision administrative», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la compagnie autrichienne de chemin de fer ÖBB.

L’annonce a été faite alors qu’un train reliant Venise à Munich (Allemagne) a été stoppé dans la soirée à la station du col du Brenner en raison de deux cas suspects de coronavirus sur des passagères.

Selon la police, citée par l’agence autrichienne APA, ces deux passagères allemandes ont été prises en charge pour des examens médicaux peu après leur départ de Venise et ne se trouvaient plus dans le train arrêté à la frontière.

Le premier ministre Giuseppe Conte, interrogé sur la chaîne publique Rai Uno, a appelé à «ne pas succomber à la panique et à suivre les consignes des autorités sanitaires». «Il ne faut pas avoir peur du fait que le nombre de cas augmentera encore», a-t-il ajouté.

Deux foyers principaux ont été identifiés: autour de Codogno, en Lombardie où un deuxième décès (une femme de 77 ans) a été annoncé samedi, et à Vo’Euganeo, près de Padoue (Vénétie), où le premier cas mortel d’un retraité de 78 ans avait été enregistré. Un cordon sanitaire y sera établi par l’armée à partir de lundi.

Les autorités de Lombardie ont aussi annoncé dimanche le décès d’une femme âgée, atteinte d’un cancer et qui avait contracté le nouveau coronavirus.

Le gouvernement a adopté un décret-loi très strict qui met à l’isolement onze villes, dont dix dans le périmètre de Codogno. «Ni l’entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière», a annoncé Giuseppe Conte.

Dimanche, la Vénétie a aussi décrété l’interruption des festivités du célèbre Carnaval qui devait se terminer mardi, et des manifestations sportives ainsi que la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.

En Lombardie, dans la métropole de Milan, capitale économique italienne, écoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala seront fermés. Tous les bars baisseront le rideau de 18h00 à 6h00 du matin. Mais les services publics restent ouverts.

Même la fashion week milanaise a été perturbée: le maestro Giorgio Armani, 85 ans, et la styliste Laura Biagiotti ont décidé de défiler dimanche portes closes et de retransmettre leurs présentations pour l’automne-hiver 2020 sur leurs sites web.

Dans les onze villes en quarantaine, tous les lieux publics (bars, restaurants mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies, ont fermé dès vendredi.

Italie: principal foyer du coronavirus autour de Codogno

Le principal foyer se trouve autour de Codogno, 15 000 habitants, dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là.

Les trains de la société privée Trenord ne s’arrêtent plus dans cette localité et deux villes voisines. Des panneaux lumineux annoncent: «Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution».

Tout près à Casalpusterlengo, une voiture de la police arrête tous les véhicules circulant sur la principale artère reliant les différentes bourgades.

«Nous allons rapidement installer un blocus total», a expliqué dimanche après-midi à l’AFP un policier, en soulignant que les agents informent «les gens que s’ils entrent, ils ne pourront plus sortir et inversement».

Le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu’à trois mois de réclusion pour les contrevenants.

Mais la grande crainte des habitants est celle de manquer de vivres. Toute la journée, à Casalpusterlengo , des files se sont formées devant le supermarché Lidl, l’un des seuls ouverts.

Le patient 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever qui a un site important près de Codogno, à Casalpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés.

Sa contamination reste un mystère: il est exclu qu’il ait été contaminé par l’un de ses amis revenu de Chine en janvier, car celui-ci, «sur la base des tests effectués, n’a pas développé les anticorps», selon le ministère de la Santé.

L’OMS reconnaît que «la hausse rapide des cas enregistrés en Italie depuis deux jours est inquiétante», selon un porte-parole. «Ce qui nous inquiète aussi c’est qu’on n’a pas pu identifier dans tous les cas des liens épidémiologiques clairs comme des voyages en Chine ou des contacts avec un cas confirmé».

L’autre zone de contamination est Vo’ Euganeo, près de Padoue. Les autorités ont soumis à des tests huit ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar que le maçon décédé vendredi mais qui se sont révélés négatifs.

Le patron de la région Luca Zaia s’est dit «préoccupé» que le patient zéro n’ait pas été trouvé, ce qui prouve pour lui que «le virus est bien plus omniprésent que ce qu’on pensait».

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