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L’exode musulman…

Déplacés centrafricains
Des déplacés centrafricains à Garoua-Boulaï, au Cameroun. Photo: IRIN/Monde Kingsley Nfor

Je ne parle pas ici des probables conséquences d’une éventuelle adoption de la Charte des valeurs québécoises par un éventuel gouvernement péquiste majoritaire… Blague à part, je fais référence ici à ce qu’il se passe aujourd’hui en Centrafrique.

La République centrafricaine a été pendant longtemps, non pas un modèle de démocratie en Afrique, mais plus ou moins un modèle de cohabitation pacifique entre la communauté chrétienne majoritaire et la communauté musulmane minoritaire.

Mais les derniers événements ont clairement changé la dynamique et la réconciliation risque d’être longue.

Le contingent français et la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA) pensaient endiguer rapidement la crise et pacifier la région. Cependant, le renfort d’hommes et la fuite massive de la communauté musulmane sont les signes visibles que l’on est bien dans un bourbier. Dès lors que le communautarisme s’est emparé de la problématique, et que le conflit s’est balisé entre chrétiens (les milices Anti-balaka) et musulmans (les ex-rebelles Séléka), le processus de paix sera sans aucun doute très long encore.

Aujourd’hui, un Centrafricain sur cinq est déplacé, soit à l’intérieur de son propre pays soit dans les pays voisins, lesquels sont débordés car non préparés à recevoir ce flux migratoire en détresse. Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime que 90% de ces déplacés sont des musulmans fuyant les attaques menées par les Anti-balaka en représailles aux attaques des ex-Séléka durant leur bref coup d’État de 2013.

Les musulmans représentaient 15% de la population centrafricaine…. Ils ne sont plus que 2%!

Selon l’agence IRIN News, jusqu’à 130 000 personnes ont fui la Centrafrique pour se réfugier au Cameroun voisin. Pour le mois de février, en deux semaines seulement, plus de 20 000 réfugiés sont arrivés dans le pays.

Médecins sans Frontières (MSF), un des seules organisations humanitaires sur place, pointe du doigt le HCR qui a mis du temps à mobiliser ses ressources sur le terrain, les déplacés s’agglutinant dans les villes frontalières de Garoua-Boulaï, de Kenzou et de Yokadouma.

La mairesse de Garoua-Boulaï, Esther Yaffo Ndoe, a avoué que sa ville était surpeuplée et que la situation devenait incontrôlable, notamment à l’hôpital du district, où le directeur, Muhamadu Hasim, a déclaré à IRIN avoir eu des cas de malnutrition, de problèmes respiratoires, de diarrhées, de problèmes gastro-intestinaux, de vomissements et de paludisme.

Il reste toujours difficile de concevoir que des grosses structures comme les Nations unies n’aient pas encore une logistique systématique pour répondre à ce genre de déplacement massif de population.

Notamment quand la crise s’apparente clairement à un «nettoyage ethnique».

Cameroun2

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