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Histoire d’eau à Détroit

Photo: Getty

Couper l’eau pour factures impayées: à Détroit, officiellement sortie de la faillite la semaine dernière, les robinets de milliers de citoyens sont fermés, quitte à ce qu’ils meurent de soif.

La ville qui a longtemps brillé de tous ses feux grâce à l’industrie automobile prive chaque semaine d’eau courante quelque 3 000 foyers qui n’ont pas réglé leurs factures, en hausse de 10% tous les ans.

«Au moins 40 % des ménages sont ciblés par ces coupes. C’est honteux de tomber aussi bas dans un pays riche en refusant de l’eau à ses citoyens les plus vulnérables», explique Justin Wedes (échange de courriels).

Selon le cofondateur du Detroit Water Brigade, une organisation non gouvernementale venant en aide aux familles sans eau, même si la ville a réussi à restructurer ses 18G$ de dettes, les coupures du précieux liquide «se poursuivront tout l’hiver».

De 200 000 à 300 000 clients du Detroit Water and Sewage Department (DWSD), le service municipal d’aqueduc, pourraient être privés d’eau l’an prochain pour avoir des arriérés de paiements totalisant 150$.

Avec ses 100 000 bâtiments désertés, rasés ou brûlés, sa horde de chiens errants et ses quelque 400 meurtres par année, Motown a été abandonnée par un tiers de sa population.

La ville ne compte plus que 700 000 habitants. Ceux qui sont restés, majoritairement des Afro-Américains, doivent débourser tous les mois 75$ pour se désaltérer, se doucher et faire la cuisine.

Nombreux sont ceux qui ont dû réduire l’achat de nourriture et de médicaments, notamment pour obtenir le rétablissement de l’eau courante. Pour la DWSD, pas question de faire couler l’eau gratuitement.

Elle a 150 000 comptes en souffrance, doit éponger un déficit de 5G$, avant, dit-on, d’être privatisée.

Détroit n’est pas la seule ville américaine à fermer le robinet à ses mauvais payeurs. Baltimore et Saint Louis sévissent aussi.

Mais voilà, la ville fondée par Antoine de Lamothe-Cadillac en 1701 n’en finit plus de mourir et les coupures d’eau écornent davantage son image.

La DWSD répète qu’elle n’a pas le choix. La somme moyenne due par chaque foyer dépasse les 500$. Fort bien. Mais, il y a de gros mauvais payeurs qui, eux, coulent des jours heureux. L’aréna Joe Louis, domicile des Red Wings, et le stade Ford Field, site des Lions de la NFL, doivent respectivement 80 000 et 55 000$ d’arriérés à la DWSD.

«Ce sont des délinquants et ils contestent leurs factures!» lance Justin Wedes. On le voit, l’eau gratuite n’est pas un droit pour les pauvres. Si l’air de Détroit pouvait être taxé, il leur serait facturé.

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