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Bourses: un virus et les « esprits animaux »

Bourses: un virus et les « esprits animaux »
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Le monde financier a peur. Les indices boursiers et les cours du pétrole ont été aspirés vers le bas avant de remonter, de rebasculer puis de remonter légèrement à nouveau. La COVID-19 plombe les marchés: résultat de comportements en partie émotifs alimentés par l’inconnu.

En un mois, les bourses auraient perdu l’équivalent de 12 500 milliards de dollars américains. Du jamais vu depuis la crise financière de 2008.

Avant d’être gestionnaire de portefeuille ou grand patron de fonds de pension, l’investisseur est avant tout une bête humaine. Et on est à même de le constater présentement. Car faute de faits mesurables et quantifiables, confronté à l’inconnu et l’incertitude, il se rabat sur ses perceptions.

Rien de plus naturel. L’économiste John Maynard Keynes utilisait une expression poétique pour désigner ces comportements mentaux, psychologiques, qu’ont les humains lorsqu’ils sont confrontés à ce qu’ils ne peuvent saisir et mesurer: les «esprits animaux». Il les présentait. comme cette part d’incohérence qui agit sur l’économie. Celle qui par moment gonfle l’optimisme ou exacerbe le pessimisme.

Dans les dernières années, deux Nobel d’économie – George Akerlof et Robert Shiller – se sont intéressés à « ces comportements irrationnels qui gouvernent l’économie ». Leurs constats: les cycles économiques sont en partie façonnés par ces facteurs psychologiques.

«Aussi longtemps que les gens font confiance au système, le caractère impulsif de leurs décisions n’apparaît pas. Mais dès lors que la confiance se délite, la véritable nature de ces décisions éclate au grand jour», écrivent-ils dans Les esprits animaux (Flammarion, 2013).

Et c’est cette confiance qui semble s’être délitée dans les derniers jours.

L’indice VIX, qu’on surnomme l’indice de la peur, a atteint des sommets inégalés depuis 2008. Cet indice mesure la volatilité sur les marchés boursiers américains; il sert de baromètre à la nervosité des investisseurs. Depuis une décennie, le VIX gravitait autour de 15. Lundi, il grimpait à 62 et jeudi il dépassait 75.

Tous les acteurs économiques – investisseurs comme consommateurs – sont enclins à se laisser bercer par leurs « esprits animaux ». Nous en sommes. Depuis quelques jours, il ne suffit que d’entrer dans une épicerie pour le constater. Les files d’attente s’étirent des caisses jusqu’aux comptoirs des viandes en passant par la section des fruits et légumes.

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