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«L’appartement»: Quand la réalité se prend pour de la fiction

Fugueuse

Depuis le 16 janvier sur Club illico, vous pouvez suivre les aventures de cinq jeunes dans un nouveau docu-réalité tout simplement intitulé L’appartement, puisque le point commun de cette jeunesse fraîchement débarquée à Montréal est ce lieu physique à l’intérieur duquel ils devront cohabiter, s’adapter, changer et, ultimement, placer les assises de leurs prochaines années.

À la différence d’Occupation double ou de la défunte XOXO, l’exubérance n’est pas au centre de la production. Pas de voyages flamboyants ni de personnalités bouillantes déformées par la lentille des médias sociaux. Les cinq jeunes de L’appartement sont, à défaut de meilleurs termes, ordinaires et authentiques.

En fait, l’approche de ce docu-réalité, plutôt rétro, évoque un peu celle de l’émission Pignon sur rue qui, au milieu des années 1990, était devenue la première téléréalité québécoise avec son incursion timide et intime dans l’univers du voyeurisme mercantile.

À part cette parenté éloignée avec une production plus modeste d’il y a 25 ans, que nous réserve L’appartement?

Après les quatre premiers épisodes, je dois avouer que je me pose encore la question tant le contenu est mince et inintéressant. L’équipe de production a filmé durant un an les jeunes dans cet appartement et en ville, mais pas de façon continue. Il n’y a pas d’élimination, pas d’épreuve et pas de concours de popularité.

C’est comme la fameuse slow tv, dont l’attrait est de mesurer le temps qui passe et le temps qu’on passe à passer le temps.

Des regards différents

C’est une tranche de vie, ni plus ni moins, et une découverte de la métropole avec des regards différents et des aspirations encore approximatives.

Est-ce que c’est ennuyant pour autant? Oui et non. On sent que la maigre teneur du contenu est rapidement problématique pour la production, qui a énormément léché l’emballage pour mieux faire passer la pilule auprès du public.

Ainsi, cette réalité se donne des airs de fiction qu’on suivrait comme un téléroman, avec de maigres rebondissements et aucun enjeu réel.

On se retrouve donc devant notre propre envie d’espionner la vie ordinaire des autres durant notre propre vie ordinaire. Un miroir déformant de nous-mêmes et de notre soif de divertissement à tout prix.

Les jeunes de L’appartement ont vécu une aventure sans doute marquante. La chance d’une vie et l’occasion de se lancer dans la vingtaine avec la tête pleine de rêves et d’espoirs. Toutefois, le public, lui, plonge plutôt dans une piscine vide sans se donner la peine de troquer son casque de bain contre un casque de protection.

C’est un triste constat d’avoir l’impression de visionner une émission sans destination. C’est comme la fameuse slow tv, dont l’attrait est de mesurer le temps qui passe et le temps qu’on passe à passer le temps.

L’appartement, sous sa couche de vernis appliquée généreusement, ne dévoile à peu près rien sur la jeunesse d’aujourd’hui et ses angoisses. C’est un peu du gaspillage puisque les jeunes, présents et ouverts, ne demandaient sûrement qu’une perche pour se faire entendre.

Au lieu de ça, ils vivent des banalités, vaguement soutenus par une trame sonore plaquée, des effets de caméra pour se désennuyer et une longue infopub sur Montréal et sa vie beaucoup plus trépidante qu’ailleurs au Québec.

Ça devient vite lassant.

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