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Il n’y a pas de calories dans le sucre à la crème

Caramel fudge cubes. Photo: Getty Images/iStockphoto

Zéro calorie dans un morceau divin composé uniquement de gras et de sucre… Ça vous semble impossible? C’est parce que ce l’est. Évidemment qu’il y a plein de calories dans le sucre à la crème que vous allez manger à Noël, mais maintenant que j’ai votre attention, parlons-en – ou plutôt n’en parlons plus – des maudites calories.

Le temps des Fêtes, pour beaucoup de gens, c’est tout simplement la saison des moments en famille, de la bonne bouffe et des cadeaux. Pour ceux qui ont un problème d’image corporelle cependant, c’est souvent la saison de la tentation, de la culpabilité et des comparaisons. Pendant que certains cuisinent des tonnes de tourtières, de trous de beignes et de biscuits en écoutant l’album de Noël de Michael Bublé, d’autres sont littéralement angoissés à l’idée de voir tous ces plats alignés sur une table pour souper. Je n’exagère pas. J’ai été cette personne et il y en a plein d’autres qui vivent la même chose cette année, peut-être même des gens tout près de vous.

Flashback en 2013, l’année où l’orthorexie a pris le contrôle de ma vie. J’avais perdu presque 30 livres cette année-là, ce qui paraît pas mal sur une fille qui en a toujours pesé à peu près 170 depuis la puberté. Je m’entraînais intensément chaque jour – il m’arrivait d’aller au gym la nuit quand l’horaire de la journée était trop chargé: je préférais couper dans mes heures de sommeil que de manquer un workout – je comptais chacune des calories que j’ingérais et je montais sur la balance tous les matins… nue, évidemment, et après avoir été à la toilette, question de me donner «le plus de chances possible». En écrivant ces lignes, je me rends compte une fois de plus à quel point c’est triste d’avoir comme plus grande ambition de voir apparaître des abdos dans le miroir en se levant le matin.

Bref, cette année-là, j’appréhendais les Fêtes parce qu’elles étaient synonymes de perte de contrôle dans le mode de vie faussement sain que j’avais adopté. J’étais contente parce que je manquais les partys de Noël: mes parents nous emmenaient dans le Sud. Je pouvais aller au gym chaque matin pour dépenser minimum 1000 calories, puis choisir des protéines et des légumes au buffet. Mais en revenant, il restait le Jour de l’An, les brunchs et les soupers de famille que je n’avais pas réussi à manquer. Pendant ces événements, à moins d’avoir apporté ma propre bouffe santé (ce qui était impensable parce que j’aurais insulté les membres de la famille qui avaient mis tant de temps à cuisiner) il était impossible de ne pas dévier de mon plan alimentaire strict. Je me sentais coupable avant même d’avoir mangé, alors je me disais que je me défoncerais au gym le lendemain et que je profiterais de janvier pour faire une bonne désintox. La seule satisfaction que je tirais des réunions de famille, c’était les nombreuses félicitations, l’admiration même, des matantes et des mononcles à propos de ma perte de poids. Sans le savoir, ils encourageaient mes troubles alimentaires et mon entraînement excessif, car ils voyaient que j’étais en excellente santé physique… mais ils ne savaient rien de ma santé mentale.

Si le temps des Fêtes est vraiment difficile pour ceux qui sont déjà plongés dans le culte du corps, il peut aussi être un élément déclencheur pour une personne vulnérable. Je parle de cette ado qui est plus grosse que toutes ses amies et qui, autour de la table à Noël, entend ses tantes féliciter celle qui a maigri et lui demander quel régime elle a suivi. Je parle de cette nouvelle maman qui se fait suggérer des tonnes de façons de perdre son poids de grossesse alors qu’elle essaye d’endormir le bébé pour profiter du party. Je parle de ce jeune homme qui n’a jamais été un grand sportif qui voit son cousin musclé se faire tâter les biceps par grand-maman en riant. Tous les commentaires autour du poids d’une personne peuvent être nocifs tant pour celle qui les reçoit que pour ceux qui les entendent. C’est simple: il n’y a absolument aucun avantage à parler du poids.

Cette année, je vous invite à ne pas tomber dans le piège des compliments faciles sur la shape de plage des membres de votre famille ou de vos amis. Je vous invite à ne pas lancer le fameux «Ouin, c’est pas à soir qu’on se met au régime hein!» quand vous allez voir la bouffe étalée sur la table. Je vous invite à ne pas parler du nombre de calories que contient un morceau de sucre à la crème. Cette année, remplissez vos conversations avec des souhaits sincères pour la prochaine année et en soulignant les bons coups de la dernière, demandez à ceux que vous aimez comment ils vont vraiment, en dehors et en dedans, et profitez, tout simplement.

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