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Façon de parler

Sylvain Ménard

«[…] Le projet de loi 21 sur la laïcité est une tentative de faire partir ceux qui pratiquent des religions minoritaires, ne laissant que des non-croyants et des chrétiens au Québec. C’est du nettoyage ethnique – pas avec un fusil, mais avec une loi. C’est raciste et c’est ignoble.» –William Steinberg, maire de Hampstead

Les propos tenus par le maire d’Hampstead vendredi dernier ont de quoi glacer le sang. Reconnaissez-vous le Québec là-dedans? Pas moi. Je ne peux imaginer qu’en 2019, on puisse se permettre d’agiter des épouvantails pareils quand on possède un minimum de culture et de bonne foi.

Au fil des ans, combien de fois avons-nous entendu proférer des accusations de racisme et d’intolérance à l’endroit des politiciens en place ?

Qu’on soit d’accord ou non avec le projet de loi 21 sur la laïcité, qu’on s’y oppose farouchement ou qu’on veuille seulement y apporter de légers amendements, il n’y a aucune raison de descendre aussi bas que le maire Steinberg l’a fait. A-u-c-u-n-e. Suffisait de voir la mine estomaquée de ses collègues présents à la même rencontre pour comprendre à quel point cette consternante affirmation était affligeante pour le reste de la tablée. Ça sera notre seule consolation.

Devant une telle dérape, il est permis de se demander si William Steinberg croit lui-même à ce qu’il a dénoncé vendredi. Je gagerais que non. Il a seulement pensé à faire résonner son message en y allant d’un bon coup de masse. Tant qu’à vouloir faire de l’effet, fesse fort. S’il doit se rétracter à un moment donné, au pire, il invoquera la fameuse «façon de parler» qui permet de dire à peu près n’importe quoi. Il ne sera pas le premier à le faire. Au fil des ans, combien de fois avons-nous entendu proférer des accusations de racisme et d’intolérance à l’endroit des politiciens en place? René Lévesque, Jacques Parizeau et Camille Laurin ont tous été qualifiés de nazis ou de racistes un jour. Et les accusateurs s’en sont tous plutôt bien tirés.

Là, c’est au tour du gouvernement caquiste de François Legault de faire les frais d’un autre procès d’intention odieux.

Je ne connais pas d’endroits dans le monde, hormis ici au Québec, où on peut sans crainte faire un rapprochement entre le pire crime contre l’humanité et un projet de loi gouvernemental et s’en tirer sans la moindre sanction ni réprobation durable. M. Steinberg le sait. Et ceux qui pensent comme lui aussi. Ils savent trop bien qu’on est vraiment du ben bon monde, dans le fond, et qu’on a l’habitude de passer l’éponge sur des déclarations aussi tendancieuses.

Façon de parler, qu’ils disent…

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Lu: Monique Leyrac–Le roman d’une vie, une biographie écrite par François Dompierre et publiée aux Éditions La Presse. J’ai beaucoup aimé. Tout d’abord, parce que Dompierre – qui écrit rudement bien – nous raconte le parcours d’une artiste aujourd’hui presque oubliée (à 91 ans, la dame demeure en marge depuis plus d’un quart de siècle), ensuite parce qu’il nous ramène dans ce Québec des années 50, assoiffé de liberté et à l’aube de notre grande affirmation culturelle.

Pour ce cours d’histoire en accéléré fort pertinent, on recommande sans réserve. Notre histoire, on ne la racontera jamais assez.

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Le CH sera passé à «ça» de faire durer le plaisir. Comme dirait l’autre, quand on va chercher 25 points de plus que la saison précédente au classement final, on serait bien mal venus de crier à l’échec. N’en demeure pas moins que les attentes seront élevées pour la prochaine année. Va falloir trouver quelques pièces manquantes au gros puzzle. On dit merci à Ryan Poehling pour avoir avoir égayé (!) notre dernière soirée de hockey devant la TV avant un méchant bout de temps. Même si, dans les publicités à TVA Sports, on nous casse les oreilles avec le début de «la vraie saison». Pour ma part, je crois que je vais sauter mon tour.

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Pôvres, pôvres z’Alouettes… Après nous avoir servi l’épouvantable slogan «Es-tu game?» et l’insignifiant comme cri de ralliement «Montre-Als», la dernière campagne de promotion nous annonçait la tenue d’un «Merch-Madness».  

«Merch» comme dans merchandising (en français, on appelle ça des items souvenirs…) et «merch-madness» comme une référence au «March-Madness», le championnat printanier du basketball universitaire aux États-Unis.

Y’a pas à dire, avec des idées déconnectées comme celles-ci, on ne se questionnera pas trop longtemps sur le lien qui s’est brisé entre la communauté francophone et cette triste équipe. Il n’y a pas que sur le terrain que les affaires font dur chez nos Zoiseaux…

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