Soutenez

Créateurs et artistes: deux défis bien distincts pour la culture

Association québécoise des agents d'artistes  - Métro

Le 1er juin dernier, la ministre de la Culture et des communications du Québec, Nathalie Roy, dévoilait son plan de relance culturelle. 400 M$ seront injectés (ou remaniés) en culture.

Difficile d’afficher son mécontentement après une annonce aussi spectaculaire: enfin de l’argent pour la culture! Mais l’enthousiasme qu’affichait alors la ministre n’a pas été partagé par l’ensemble de l’industrie, en stand by depuis la mi-mars. Si l’AQAA (l’Association québécoise des agents d’artistes) applaudit l’annonce de cette somme impressionnante venant en aide aux créateurs et aux producteurs de contenus du Québec, elle unit sa voix à celle de l’Union des artistes et demeure extrêmement préoccupée de ce que cette annonce ne tient pas compte de la réalité des artistes-interprètes.

Qu’est-ce qu’un film, une pièce de théâtre, une émission de télé sans acteurs et actrices? Les artistes-interprètes, travailleurs autonomes qui œuvrent rappelons-le, sans filet social, sont les grands oubliés de ce plan de relance culturelle. Ils représentent pourtant une masse importante de cette industrie qui, pour exister, ne peut se passer de leur savoir-faire. Qu’arrivera-t-il à la mi-juillet lorsque la PCU tirera à sa fin? Une fois les rôles créés, dans quelle proportion pourront-ils être distribués, produits, diffusés?

Combien d’artistes-interprètes auront les moyens d’attendre ces nouveaux projets? La réponse du gouvernement à toutes ces questions est venue sous la forme d’un montant de 6,5 M$ qui servira à la fois de bourses de soutien aux artistes et écrivains en création (catégories desquelles sont exclus par définition les artistes-interprètes) et de fond pour les «urgences extrêmes». Le problème que l’AQAA désire ici soulever, c’est celui du court terme. Les engagements annulés pour le printemps, l’été et l’automne 2020 ont déjà suffi à plonger la plupart de nos artistes dans une situation «d’urgence extrême».

S’il est vrai que les récents investissements du gouvernement font figure de véritable bouée de sauvetage pour nos créateurs et s’il est vrai que la création donne du travail aux interprètes, il n’en demeure pas moins que la création est un travail de longue haleine. Elle demande du temps avant de germer, de se structurer et de se peaufiner. Les artistes-interprètes sont les derniers convoqués à la «chaîne de montage» de la création.

Ils entrent en scène lorsque les textes sont écrits, les projets financés et les équipes de production montées et mises en branle. Cette longue chaîne (dont nous résumons seulement les principales étapes) prend des mois, souvent des années à se constituer, à se structurer autour d’un projet. Le temps presse. Le laps de temps qui s’écoulera entre la fin de la PCU et la reprise des premiers contrats post-COVID fera en sorte que la majorité des artistes-interprètes devront amorcer des démarches de réorientation de carrière. Si le gouvernement ne leur vient pas en aide, le bassin d’acteurs et d’actrices du Québec s’évaporera plus vite que les derniers dollars de la PCU.

Le travail d’un interprète, c’est plus que d’appendre des lignes.

Ce n’est pas un hobby. Ça ne se fait pas les soirs et les fins de semaine entre deux brassées de blanc. C’est un travail minutieux qui demande du temps, de la sensibilité, de la recherche, de l’engagement personnel et le déploiement de ressources humaines et économiques. Nous sommes convaincus que la ministre de la Culture et des communications, qui a su démontrer ouverture et écoute lors de la rencontre du 3 juin dernier avec les créateurs des arts vivants, saura tendre l’oreille aux doléances que nous lui présentons aujourd’hui. Les artistes-interprètes du Québec ont besoin d’aide. Ils ont besoin qu’on reconnaisse leur statut et qu’on les soutienne financièrement afin que leur expertise ne s’étiole pas petit à petit.

Il faut agir vite, parce qu’on oublie trop souvent la précarité dans laquelle vivent déjà bon nombre de nos artistes-interprètes; parce que cette crise n’a fait qu’exacerber la fragilité de leur situation; parce que toute la chaîne économique culturelle ne sera malheureusement pas sauvée grâce à la création financée; parce que venir en aide aux artistes-interprètes aujourd’hui, c’est assurer la qualité des créations québécoises de demain.

Association québécoise des agents d’artistes 

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.