Faire mieux pour les élèves de Sophie-Barat
Au directeur de l’école Sophie-Barat, Jean-François Gagnon
Au directeur du Centre de services scolaire de Montréal, Robert Gendron
Au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge
Messieurs,
Nos enfants fréquentent l’école Sophie-Barat, en secondaire 1 et 2, dans l’annexe située à 400 mètres du bâtiment principal du boulevard Gouin, dans le quartier Ahuntsic. Nous avons appris ces derniers jours que nos enfants devront déménager dans une école primaire située loin du quartier Ahuntsic pour céder leur place dans le bâtiment annexe aux élèves du programme «Défi», dont l’aile du bâtiment principal est dangereuse.
Lors d’une réunion fort décevante lundi soir, la direction a pris un temps fou à justifier la nécessité de condamner une portion du bâtiment principal – ce que personne ne conteste. L’exercice a été si long que la réunion s’est conclue sans qu’une cinquantaine de parents n’aient pu poser leur question.
Il faut «créer de l’espace» pour les élèves du programme défi et de l’adaptation scolaire, expliquait la direction dans sa lettre. Elle précisait hier que les laboratoires du bâtiment annexe étaient mieux adaptés «au programme d’enrichissement en sciences» des élèves du «Défi», que les locaux où sont envoyés nos enfants. On affirmait qu’il serait plus simple de déplacer le groupe du régulier, pour l’organisation des tâches du personnel enseignant.
Bref, plutôt que de déplacer directement les classes qui devaient l’être, la direction de l’établissement a choisi un jeu de domino où deux fois plus d’élèves sont délocalisés.
Comment ne pas avoir l’impression que le bien-être de nos enfants compte moins que celui des enfants sélectionnés sur le volet par des tests de classement?
La recherche de solutions ne semble pas avoir été exhaustive et toutes les pierres n’ont visiblement pas été retournées. Est-ce que la Ville de Montréal a été contactée pour voir si elle aurait des locaux disponibles pendant la journée? Et le collège Ahuntsic? Qu’en est-il des locaux inoccupés de l’ancien supermarché Loblaws situé à proximité?
Pendant la pandémie, le réseau de l’éducation doit déployer d’importants efforts d’adaptation. De toute évidence, dans le cas de Sophie-Barat, on n’a pas cherché des solutions aussi originales une fois qu’un scénario – inacceptable – avait été choisi par l’administration sans consultation avec les parents.
Nous avons le sentiment que nos enfants, déjà durement éprouvés par les derniers mois de pandémie, sont considérés comme des élèves de «seconde zone». Ce sentiment avait déjà effleuré notre esprit dès la rencontre de présentation de l’école, alors qu’on décrivait le programme Défi comme «une école dans l’école».
Une fois nos enfants entrés à Sophie-Barat, certains ont rapporté vivre un sentiment d’injustice. Curieusement, l’information sur les activités parascolaires arrive plus tard à l’annexe, lorsqu’il ne reste que quelques places et que les élèves du Défi sont déjà inscrits.
Les enfants sont sensibles à ce genre de petites injustices du quotidien. Nous aimerions leur dire que c’est exagéré, qu’ils se trompent et qu’ils ont la même valeur aux yeux du système scolaire. C’est difficile actuellement.
Les autorités scolaires ont dit lundi soir «faire leur possible». Ce n’est pas rassurant. Les responsables ont le devoir de faire mieux.
Merci de reconsidérer votre décision et de chercher une solution plus juste pour tous.
Benoit Guinot, Marie-Ève Savard, Mathieu Bédard, Chantal Legault et Hatem Bendjedidia, parents d’élèves du secondaire 1 et 2 régulier de l’école Sophie-Barat, soutenus par un grand nombre de parents d’élèves de la même école.