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COVID : On n’est pas sorti de l’auberge

Photo: Archives
Romain Gagnon, ingénieur - Collaboration spéciale

Les géants de l’industrie pharmaceutique ont commencé à distribuer leurs vaccins. Les gouvernements occidentaux vaccineront leurs populations en suivant un ordre de priorité. Bref, d’ici la fin de l’année 2021, la COVID ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Hélas, l’avenir ne sera pas si rose…

Le Royaume-Uni vient d’annoncer qu’il retourne en confinement d’urgence pour tenter de freiner une nouvelle souche du virus qui se propage au sein de sa population jusqu’à 70% plus rapidement que la souche originale.  Cette nouvelle souche a déjà été décelée dans plusieurs pays dont le Danemark, les Pays-Bas, l’Afrique du Sud, l’Australie, la France et même cette semaine au Québec. La nouvelle souche du virus est beaucoup plus infectieuse mais rien n’indique pour le moment que les vaccins actuels seront inefficaces à prévenir sa contagion. Toutefois, cette éventualité existe. Qui plus est, même si les vaccins actuels demeurent efficaces avec cette variante, la COVID mute à un rythme effarent et les chances sont qu’un mutant finira par les déjouer. Lorsque cela arrivera, la contagion et ses victimes reprendront de plus belle.

Évidemment, les pharmaceutiques développeront un nouveau vaccin qui endiguera le problème… jusqu’au prochain mutant récalcitrant. A l’instar de la grippe, une nouvelle vaccination sera donc périodiquement requise, typiquement à chaque année.  Cependant, contrairement à la grippe, c’est toute la population qui devra être vaccinée et pas juste les patients vulnérables.

Les masques et panneaux de plexiglass ne sont donc pas près de disparaitre. Les poignées de main, bises et accolades appartiennent désormais au passé. Le retour à la normale n’aura pas lieu tout comme il n’a jamais plus eu lieu dans le domaine de la sécurité aéroportuaire après septembre 2001. L’humanité ne sera plus jamais la même. 2020 aura été l’année la plus marquante dans l’histoire de l’infectiologie. Il faut donc s’habituer à notre nouveau mode de vie. Nous raconterons à nos enfants à naitre comment on vivait autrefois.

Hélas, une autre menace commence à poindre à l’horizon. Grâce à la distanciation sociale, aux masques, aux désinfectants et autres composantes de l’attirail anti-COVID, nous finirons par stopper la propagation des coronavirus mais aussi de plusieurs autres virus et microorganismes comme les bactéries, prions, etc… Or, ces différents microorganismes auxquels nous sommes normalement exposés fortifient notre système immunitaire. Tout animal vivant dans un environnement totalement ou même partiellement stérile voit ses défenses immunitaires s’affaiblir avec le temps jusqu’au jour où une petite infection banale peut lui être fatale. On observe notamment ce phénomène au sein des élevages intensifs où les bêtes sont bourrées d’antibiotiques de la naissance jusqu’à l’abattage. Cet abus d’antibiotique a d’ailleurs contribué à développer de superbactéries toujours plus résistantes aux antibiotiques.

Bref, les personnes qui arrivent à se protéger efficacement contre la COVID pourraient voir leur système immunitaire s’affaiblir jusqu’au jour où une infection autrefois banale et aucunement liée à la COVID pourrait les rendre gravement malade voire même les tuer. Les moins zélés attraperont une éventuelle variation du coronavirus actuel. Faute d’en mourir, ils en ressortiront plus forts. Nous risquons de vivre un phénomène analogue à celui qu’ont vécu les premières nations à l’arrivée des premiers colons européens : leur population a été décimée. Plusieurs nations autochtones ont même carrément disparu du paysage génétique depuis la conquête de l’Amérique. D’autres ont développé une résistance aux virus dont les colons étaient pourtant asymptomatiques. Le métissage a grandement aidé ce processus. Hélas, aujourd’hui, il n’y a pas d’autres populations lointaines avec lesquelles se métisser.

La Nature a horreur du vide tout comme des espèces qui prennent trop de place. Or, avec une population mondiale de huit milliards d’individus, on peut dire que l’homo sapiens commence à prendre un peu trop de place. Est-ce que la Nature en a marre de notre espèce polluante et présomptueuse? L’humain ne serait pas la première ni la dernière espèce au sommet de la chaîne alimentaire dont elle régularise la croissance effrénée grâce à son arsenal microbiologique. Pour éviter l’hécatombe, nos gouvernements devraient prévenir et adopter des solutions innovantes et alternatives à l’élevage intensif, la production centralisée, la concentration urbaine, l’import-export et… la croissance démographique.

Évidemment, la Nature n’a pas d’intention; j’ai utilisé cette image pour vulgariser mon propos.

Romain Gagnon, ingénieur

Auteur de Et l’homme créa Dieu à son image

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