Le Québec toujours à risque de récession, malgré un regain économique
Des signaux montrent un certain regain économique, mais une récession demeure prévue au cours des prochains trimestres, estiment les économistes de Desjardins dans la mise à jour de leur indice précurseur (IPD), publiée mardi.
L’IPD a augmenté de 0,7% en mai 2023, après avoir pointé vers le bas pendant plus d’un an. «Même si cette remontée semble encourageante à première vue, la plupart des indicateurs économiques demeurent à un niveau beaucoup trop faible pour espérer une amélioration des conditions économiques prochainement au Québec», avertit l’économiste principale chez Desjardins, Hélène Bégin.
«Il s’agit d’une question de temps avant que les augmentations de taux d’intérêt et la détérioration à venir du marché du travail frappent de plein fouet», précise-t-elle. Par ailleurs, les catastrophes climatiques récentes, comme les feux de forêt et les inondations, continueront de perturber l’activité économique, en plus des populations touchées, selon Desjardins.
Le taux de chômage de 4,4% en juin demeure faible, mais il s’éloigne peu à peu du creux historique de 3,9%. Même si le taux d’inflation a ralenti à 3,6% au Québec en juin, il reste élevé et nettement supérieur à celui de 2,8% au Canada.
Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins
Les composantes «ménage» et «habitation» de l’IPD devraient régresser après s’être améliorées en mai. En particulier, l’augmentation du taux directeur de la Banque du Canada a eu l’effet «d’une douche froide», après quelques mois de stabilité, souligne Hélène Bégin. Les «signes de faiblesse» de la vente au détail ainsi que la chute des mises en chantier d’habitations dans la première moitié de 2023 par rapport à la même période en 2022 (-40%) sont également annonciateurs de mauvaises nouvelles pour l’économie des ménages et le marché immobilier.
La situation n’est pas plus rose pour les entreprises québécoises, aux yeux des économistes de Desjardins. La composante «entreprise» de l’IPD est par ailleurs restée négative en mai. «Les coûts des entreprises ont beaucoup augmenté depuis quelques années et leur situation financière est mise à rude épreuve par la remontée des taux d’intérêt», constate Hélène Bégin. La confiance des PME augmente depuis quelques mois, mais demeure dans un creux historique. L’indice du commerce mondial est également en recul.