Des ailes pour l’avenir
Près de 23 000 postes à combler d’ici huit ans: les chiffres ont de quoi donner le vertige à l’industrie aérospatiale québécoise.
Qu’à cela ne tienne, l’industrie aérospatiale québécoise a lancé une offensive pour séduire la prochaine génération qui entrera sur le marché du travail. Quelque 500 élèves ont participé à la Ligue d’improvisation en sciences et technologies (LIST), mise sur pied et chapeautée par la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB). Impro oblige, ils ne savaient pas exactement ce qui leur serait demandé ce jour-là, mais ils se doutaient que ça aurait à voir avec l’aérospatiale.
Carole Boulianne, enseignante à l’école secondaire Saint-Laurent, utilise le programme Passion pour l’aviation afin d’inculquer des notions de méthodologie à ses élèves. «L’objectif n’est pas tant de leur faire comprendre comment vole un avion que de les amener à travailler la conception, par étapes et en respectant une charte de fabrication.» La LIST est aussi une façon d’accrocher des élèves en difficulté ou peu portés sur les sciences et technologies. «L’année dernière, j’ai intégré au groupe un élève qui présentait des problèmes de comportement, mais qui était hyper créatif. Il a apporté beaucoup à l’équipe, et ça l’a valorisé.»
«Nous sommes partis du constat qu’il existait des compétitions en sport, en arts, en littérature, mais rien en sciences, explique Sébastien Tardif, conseiller pédagogique à la CSMB. On cherchait à mousser l’intérêt des jeunes pour les sciences et les technos.» Pari réussi, à en croire l’intérêt grandissant des élèves, beaucoup plus nombreux d’année en année à participer à la LIST, basée sur un thème différent à chaque édition.
Cette année, la LIST s’est associée au programme Passion pour l’aviation, d’Aéro Montréal. Avec un chiffre d’affaires en constante évolution, un taux de croissance de la main-d’œuvre de 2,5% depuis 30 ans et un salaire moyen de 70 000$, le secteur de l’aérospatiale se veut prometteur. Il n’en reste pas moins que la perspective de dizaines de milliers de postes (soit 15% de la main-d’œuvre actuelle) à combler d’ici demain, ou presque, fait prendre les grands moyens à ses acteurs. Suzanne Benoît, présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, estime que, le secteur étant «en concurrence avec les autres domaines scientifiques, on doit être omniprésent dans la tête des jeunes si on veut donner des ailes à leur carrière. La LIST est une excellente façon de faire connaître l’aérospatiale.»
«On voulait sortir la science de la classe, casser l’image du scientifique en sarrau blanc isolé dans son laboratoire», ajoute Sébastien Tardif. Mission doublement accomplie, pour la LIST et pour Aéro Montréal.