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Des lacunes dans la formation en télémédecine

La pratique de la télémédecine a augmenté depuis le mois de mars. Photo: Archives/Métro Média

L’usage de la télémédecine a explosé depuis le début de la pandémie. Cependant, la formation des médecins à cette nouvelle pratique ne serait pas encore optimale, selon un chercheur de l’Université de Montréal.

Dans une recherche qu’il a dirigée, le Dr Jean-François Echelard et son équipe ont analysé 1733 articles scientifiques portant sur la formation à la santé numérique dans plusieurs pays.

«Il s’en tire une impression générale: la formation est, de forme générale, sous-optimale», mentionne le chercheur en entrevue avec Métro.

Parmi les conclusions de l’étude, M. Echelard relève que l’apprentissage de la télémédecine serait freiné par un manque de ressources, de support, de pratique et de financement. De plus, il y aurait un manque de connaissance face aux enjeux de sécurité numérique.

Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins du Québec, rappelle que depuis janvier 2019, un règlement du Collège oblige la formation médicale continue des membres, notamment au niveau des nouveaux outils technologiques.

Malgré tout, plusieurs médecins ne seraient toujours pas familiers avec les technologies, croit-il. À son avis, le manque de connaissance en matière des technologies de la télémédecine toucherait principalement des médecins qui pratiquent depuis plus longtemps.

«Certains médecins plus proches de leur retraite sont peut-être, dans certains cas, moins motivés à se mettre à niveau.»

Adapter sa pratique

M. Echelard note que l’examen des patients est beaucoup plus limité par téléphone ou visioconférence, une réalité qui n’est pas toujours étudiée dans les facultés de médecine.

Ce problème, il l’a d’ailleurs expérimenté dans sa propre pratique.

Par exemple, un patient ayant un problème dermatologique en consultation téléphonique devra lui décrire son problème cutané.

Le médecin doit alors se faire une représentation mentale de la description du patient, et adapter ses questionnaires à la situation.

«C’est un « challenge ». Ça demande vraiment d’être créatif»., exprime-t-il.

Une pratique qui augmente

Depuis mars, la télémédecine a connu une expansion majeure dans la province. Selon des données colligées par La Presse canadienne, plus de 1,5 million de Québécois ont consulté en télémédecine du 16 mars au 8 juin 2020.

À Québec, le gouvernement Legault mise par ailleurs sur cette pratique afin d’accélérer l’accès à un médecin famille.

Malgré cette augmentation, la majorité des consultations en télémédecine se font toujours par téléphone, mentionne M. Robert.

Ce fait s’expliquerait notamment par un manque de connaissance des technologies, et un accès limité à Internet chez certains patients.

Limites

Malgré les avantages multiples de la télémédecine,  M. Robert rappelle que cette pratique a ses limites.

Selon lui, le Collège préconise qu’un médecin n’adopte pas cette pratique pour toutes ses consultations. Il devrait donc s’agir d’une pratique complémentaire, et non principale.

M. Robert croit d’ailleurs que certaines pratiques médicales ne se prêtent tout simplement pas à la télémédecine. Les besoins urgents, eux, ne pourront jamais se faire à distance.

«Une chose que ne fera pas la télémédecine, c’est de vider les salles d’urgence», note-t-il.

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