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La pandémie, une occasion de réformer les hôpitaux?

L'hôpital Maisonneuve-Rosemont
L'hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal Photo: Josie Desmarais/Métro

Si la pandémie s’est principalement attaquée aux centres d’hébergement de soins longue durée, elle constitue également une occasion en or pour repenser le fonctionnement des hôpitaux et de la médecine, lancent en cœur des professionnels et analystes du réseau de la santé.

En Italie, la COVID-19 a frappé si fort au mois de mars que des médecins ont dû choisir lequel de deux patients atteints devrait avoir accès à un respirateur. C’est avec l’objectif d’éviter à tout prix ces choix déchirants que le réseau de la santé québécois s’est activé à libérer un nombre important de lits dans les hôpitaux.

Or, le coronavirus n’est pas allé frapper dans le réseau hospitalier, mais dans le réseau des soins longue durée. Quatre mois plus tard, 5000 des 5600 décès dus à la COVID-19, ont été rapportés dans un Centre d’hébergement et de soins longue durée (CHSLD) ou bien dans une résidence privée pour aînés (RPA).

Toujours est-il que la crise sanitaire aura «appris énormément» aux hôpitaux, selon la présidente-directrice générale du Centre intégré de santé et de service sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île de Montréal, Sonia Bélanger.

«Les innovations naissent souvent de situations de crise. On n’aurait pas été capable d’implanter aussi rapidement la télémédecine sans cette crise», illustre l’administratrice, qui se dit convaincue que cette pratique «est là pour rester» dans son CIUSSS.

La télémédecine, la panacée?

Chef de services des soins intensifs de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, François Marquis, voit dans la télémédecine une solution pour désengorger les urgences, ce «goulot d’étranglement du système de santé».

«Il nous faut d’autres portes d’accès que juste l’urgence. On ne veut plus entendre des phrases comme: ça va être trop de trouble de trouver un cardiologue, va à l’urgence», affirme le médecin montréalais.

La médecine à distance ne faisait jusqu’à tout récemment pas partie de la couverture de l’assurance-maladie, rappelle Dr Marquis.  Il aura fallu une pandémie pour prouver son efficacité. «Le génie est sorti de la bouteille», lance-t-il.

Services de première ligne

C’est en enlevant du poids aux hôpitaux qu’ils deviendront plus efficaces, constate pour sa part l’expert en gestion des politiques de santé Régis Blais.

«Renforcer la première ligne, c’est important. Il faut s’assurer que les gens soient bien suivis par un médecin de famille», propose-t-il.

Sonia Bélanger souhaite justement voir les Groupes de médecine de famille (GMF) prendre plus de responsabilités. «Il faut les ouvrir davantage. Pour éviter que les gens aillent dans les salles d’urgence, il faut ouvrir de jour, de soir, les fins de semaines», martèle-t-elle.

«Il faut tout repenser complètement», ajoute-t-elle.

Prendre soin des infrastructures

Verdun, Maisonneuve-Rosemont, Notre-Dame: à Montréal uniquement, les hôpitaux vieux de dizaines – voire d’une centaine – d’années ne sont pas rares. Aux yeux du Dr Marquis, qui travaille dans un hôpital longtemps qualifié de «vétuste», des réfections majeures sont à entreprendre.

Selon lui, les hôpitaux modernes de la région de Montréal étaient mieux préparés à encaisser une pandémie. «Bizarrement, le CHUM, qui est tout nouveau, n’en a pas eu, de problème», indique-t-il.

En plus des grands projets de plus de 50 M$, inscrits au Plan québécois des infrastructures, Sonia Bélanger souligne qu’il y a des solutions à moindre coût. L’annexe installée ce printemps à l’hôpital de Verdun en est un exemple, avance l’ex-directrice générale du défunt Centre de santé et de services sociaux du Sud-Ouest–Verdun.

Souveraineté matérielle

François Marquis s’inquiète aussi de nouvelles pénuries de matériel, notamment pour la potentielle deuxième vague de COVID-19.

La solution, dit-il réside dans «une souveraineté sur le plan de l’équipement médical». La semaine dernière, Métro rapportait d’importantes flambées des prix des gants en raison de la spéculation sur le marché mondial.

«On a compris tout de suite [pendant la pandémie] que nos alliés d’hier ne sont pas nécessairement nos alliés de demain», affirme Dr Marquis, en référence au détournement vers d’autres États de masques destinés au Canada.

«Équipement médical, médicaments: on a un travail à faire là-dessus.» – Dr François Marquis

Jeudi dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, indiquait d’ailleurs travailler en ce sens. «On va favoriser un achat québécois, avait-il évoqué. Si ça coûte plus cher, ça sera ça.»

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