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Beaucoup de promesses, bien peu de gestes

Nathalie Provost.
Nathalie Provost. Photo: Myriam Selhi-Ousset, Metro

Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient et survivante de la tuerie du 6 décembre 1989, demande au gouvernement de passer à l’action sur le contrôle d’armes à feu.

Au centre Femmes du monde de Côte-des-Neiges, un groupe bigarré est rassemblé en cercle dans une salle vitrée pour écouter les propos de la spécialiste en contrôle des armes à feu. À travers la fenêtre se dessine le parc du Mont-Royal. C’est de là que sont projetés chaque année les quatorze faisceaux lumineux en hommage aux victimes. Les participantes ont apporté leur lot de questions à l’approche du triste anniversaire de la tuerie: que penser de la violence armée dans les rues de Montréal? Que peut-on espérer du cadre actuel sur les armes à feu? A-t-on évolué comme société?

Le regard de Nathalie Provost se tourne vers le sol pendant qu’elle réfléchit. «On a certainement évolué, mais ce n’est pas nécessairement synonyme de progrès», murmure-t-elle, entre ses dents. Après le carnage, où elle a été blessée par quatre tirs de balles, des étudiants et professeurs de l’École polytechnique ont lancé une pétition pour exiger un contrôle plus serré des armes à feu. Le Parlement canadien n’avait jamais vu autant de signatures auparavant. L’opinion publique était unanime. Le mouvement pour le contrôle des armes à feu prenait alors son envol pour enfin aboutir, en 1995, sur un cadre légal faisant du Canada un leader en la matière.

La démolition de l’ère Harper

En 2012, ce dernier a été démantelé sous prétexte de vouloir éliminer le registre des armes d’épaule «Avec la destruction du cadre légal, on a perdu la capacité de suivre à la trace de le qui a fait quoi», déplore Mme Provost, qui rappelle que le tireur Marc Lépine a été identifié grâce au numéro d’immatriculation de son arme. Depuis la réforme de 2012, le taux d’homicide a augmenté de 91%, selon Statistique Canada.

En septembre dernier, PolySeSouvient a envoyé une lettre au cabinet de Justin Trudeau pour exiger que le nouveau ministre de la Sécurité publique s’attaque franchement à la question. «Le gouvernement en promet beaucoup en termes de contrôle d’armes à feu, mais il n’en fait pas assez,», tranche Nathalie Provost. «Vraiment pas.»

Le manque de courage des politiciens

Le projet de loi C-21, présenté plus tôt cette année, proposait que le gouvernement rachète les armes d’assaut à la population, mais plusieurs associations de contrôle des armes considèrent ce projet trop laxiste. D’abord, parce qu’il contient des exceptions qui permettent à des propriétaires de conserver leurs armes. Ensuite, parce que le problème dépasse le cadre et les armes d’assaut. En 2018, 80 % des homicides au Canada ont été commis avec des carabines et fusils de chasse ou des armes de poing.

Ces dernières constituent un dossier épineux que le gouvernement d’Ottawa cherche à passer aux autres paliers de gouvernement. Une tentative de défilade que la province et les villes ont rejetée en bloc. «La réglementation des armes à feu n’est jamais une priorité au moment des campagnes électorales parce que personne ne vote pour cet enjeu de société», explique la mère de quatre enfants.

«Les propriétaires d’armes votent massivement pour le droit d’en posséder davantage, alors que les gens qui s’y opposent priorisent d’autres enjeux, comme le droit à l’avortement, léconomie ou les programmes sociaux», analyse-t-elle.

Il reste à voir si les annonces du gouvernement fédéral attendues dans les prochains jours marqueront la fin de ce que la porte parole de PolySeSouvient appelle «le manque de courage des politiciens».

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