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Des bâtons dans les roues pour un achat américain

Si l’automne dernier, vous nous aviez demandé s’il était facile d’acheter un véhicule aux États-Unis et de lui faire franchir la frontière canadienne, nous vous aurions répondu : plutôt, oui. Deux saisons plus tard, la réponse est bien différente. Car de plus en plus de bâtons sont mis dans les roues de ceux qui veulent profiter des bas prix automobiles chez nos voisins du sud.

Au départ, il faut savoir qu’acquérir un véhicule neuf aux États-Unis et le ramener en sol canadien nécessite plusieurs étapes, qu’il faut bien connaître afin d’éviter les mauvaises surprises. Comme d’inutilement défrayer la taxe de vente de l’état américain où se déroule la transaction, par exemple.

Il faut aussi, bien sûr, y mettre du temps. Surtout, il faut dire adieu aux programmes de location et taux de financement alléchants, puisque vous devrez payer comptant. Oui, vous avez bien lu : l’achat américain exige que l’on paie comptant.

Les plus luxueuses
Pour certains modèles, surtout les plus luxueux, le jeu en vaut toutefois la chandelle. Selon les dernières données de CAA-Québec, qui suit la situation de très près, les automobilistes qui reluquent, par exemple, le BMW X5 doivent s’attendre à payer 73 500 $ (moteur V8) ici… contre 54 500 $ aux États-Unis. Un écart de 26% ou, plus concrètement, de 19 000 $.

Pas surprenant, donc, que de plus en plus de Canadiens reluquent le sud. Et ils au­raient sans doute été encore plus nombreux à le faire si de nouvelles embûches ne s’étaient pas mises en travers de leur route. L’industrie a fait preuve d’originalité, ces derniers temps, afin de frei­ner l’hémorragie.

Premier obstacle : la garantie
Certains constructeurs disent l’honorer des deux côtés de la frontière (Toyota, par exemple), d’autres non (Honda). Certains, encore, l’annulent si le véhicule est importé dans les six premiers mois suivant son achat (GM et Nissan). Et certains ont changé d’avis en chemin.

«Le cons­tructeur vous assu­re de la validité de la garantie tant au nord qu’au sud? Exigez un document écrit, recommande Philippe St-Pierre, porte-parole de CAA-Québec. Cer­tains cons­truc­teurs promettaient d’honorer au Canada la garantie d’un véhicule acheté aux États-Unis, mais ils sont soudainement revenus sur leur décision.»

Autres embûches
Autre bâton dans les roues : l’attestation d’absence de rappel. L’importation d’un véhicule ne peut s’effectuer sans ce document, mais l’industrie est de plus en plus réticente à l’émettre. Des constructeurs exigent plusieurs centaines de dollars pour le livrer, alors que d’autres refusent carrément de s’exécuter.

Plus tôt cet hiver, des Canadiens, qui ont acheté au sud, ont été indéfiniment retenus à la douane parce que leur véhicule ne disposait pas d’un antidémarreur respectant des normes très précises, comme l’exige une nouvelle réglementation canadienne. «Ils se sont fait dire : vous retournez le véhicule ou vous le détruisez», rapporte encore M. St-Pierre. Transports Canada a adouci sa politique en décembre et, si l’antidémarreur est encore obligatoire, n’importe lequel fait désormais l’affaire.

Autre embûche : dénicher le concessionnaire américain qui voudra bien faire affaire avec les Canadiens. Ceux qui, au départ, vendaient allègrement à la clientèle du nord, se sont vertement fait rappeler à l’ordre par leur constructeur.

Enfin, il faut savoir que les automobilistes qui achètent au sud risquent, ici, de frapper un mur de concessionnaires peu désireux de réparer leur véhicule. Il n’est pas dit que le bon service et les petites attentions du concessionnaire local seront au rendez-vous pour celui qui a encouragé l’achat américain.

Grandes économies
N’empêche, ceux qui s’y risquent, particulièrement pour les modèles de luxe, économisent beaucoup d’argent. Ils en épargnent à l’achat, mais aussi sur les taxes de vente. Par  exem­ple, pour le BMW X5, l’économie en taxes atteint les 2 500 $. Même si l’on rajoute la taxe d’accise de 6,1 % (pour les véhicules cons­truits hors de l’Amérique du Nord, ce qui n’est cependant pas le cas du BMW) et les frais de douanes (moins de 250 $, incluant une inspection fédé­rale obliga­toire), l’écono­mie demeure considérable.

Il faut cependant être bien au fait de la marche à suivre. L’information principale se retrouve sur le site de Trans­ports Canada, mais l’Associa­tion pour la protection des automobilistes (APA) recommande de faire affaire avec un courtier. «Il exigera de 2 000 à 3 000 $ la transaction, mais il saura contourner les entra­ves mises en place par les constructeurs, affirme le président de l’APA, George Iny. Pour certaines marques de voitures, les choses sont si compliquées qu’il vaut mieux ne pas prendre le risque soi-même et laisser un spécialiste trouver le bon moyen.»

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