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Essai du Huawei P20 Pro : superbe matériel

Avec son P20 Pro, Huawei a rattrapé les meilleurs fabricants de téléphones Android, du moins par rapport au matériel. Si on regrette quelques éléments logiciels, le nouvel appareil phare de l’entreprise chinoise mérite néanmoins notre attention.

Un design bien de son temps

Le P20 Pro de Huawei partage une allure similaire à celle des principaux appareils de 2018. On remarque ainsi son cadre mince, un grand écran avec une encoche au haut et une finition de métal et de verre.

À l’instar d’Apple, Huawei a aussi opté pour laisser tomber sa prise audio 3,5mm, même si le téléphone est assez épais pour en posséder une. Dommage. Un adaptateur USB-C à 3,5 mm est toutefois inclus dans la boîte.

Notons que contrairement à plusieurs autres appareils cette année, le P20 Pro conserve un lecteur d’empreintes digitales à l’avant, qui sert également de bouton d’accueil. C’est plus pratique, mais le cadre sous l’écran est en revanche plus gros que la moyenne. Malgré cet inconvénient, il s’agit d’une solution qui me convient, puisque j’ai plus tendance à utiliser ces capteurs lorsqu’ils sont à l’avant que lorsqu’ils sont à l’arrière ou sur le côté.

Ceux qui suivent l’actualité techno noteront que l’appareil est doté ailleurs dans le monde d’une finition multicolore originale et plutôt audacieuse. Malheureusement, celle-ci n’est pas offerte au Canada, où les opérateurs qui ont une aversion au risque ont tous opté pour le modèle noir, beaucoup plus ennuyant. Même si on comprend que ceux-ci ne souhaitent pas rester avec des modèles colorés invendus dans leur inventaire, une certaine quantité, ne serait-ce qu’en ligne seulement, aurait certainement été appréciée.

Une excellente fiche technique

Le Huawei P20 Pro offre une fiche technique qui n’a rien à envier à personne.

Son grand écran OLED de 6,1 pouces avec résolution de 2240 par 1080 pixels est superbe. Il offre une bonne luminosité, les couleurs sont riches et elles peuvent être ajustées aux préférences de l’utilisateur.

Côté performances, son processeur Kirin 970 n’est pas aussi puissant que le Snapdragon 845 qui équipe certains modèles Android haut de gamme, mais est plus que suffisant pour les applications et les jeux les plus lourds. Le Huawei P20 Pro permet évidemment de jouer avec les graphiques élevés de PUBG Mobile (à mon avis la meilleure mesure pour estimer les performances réelles dans la vie de tous les jours d’un téléphone à l’heure actuelle).

Il se démarque toutefois moins dans les tests de performance. À 3321 au test Sling Shot Extreme, celui-ci se taille à peine une place dans le top 30 des téléphones dans le monde. Ce n’est rien de gênant, mais il y a fort à parier que Huawei visait plus haut.

On apprécie aussi sa pile format géant de 4000 mAh. Avec les nouvelles fonctionnalités d’Android pour préserver la pile, l’appareil est capable d’arriver à bout des journées mêmes les plus chargées.

Pour le reste, notons qu’il offre une grande capacité de 128 Go et qu’il résiste à l’eau.

Un appareil photo triple 

Le Huawei P20 Pro n’offre pas un, pas deux, mais bien trois appareils photo arrières : le principal avec un capteur de 40 mégapixels avec objectif F1.8, le second un capteur monochrome de 20 mégapixels avec objectif F1.6 et le troisième avec un capteur 8 mégapixels avec objectif F2.4 et zoom optique 3X.

Beaucoup de bien a été dit de l’appareil photo du Huawei P20 Pro, qui a battu presque tous les records au test de performance DxOMark. Malheureusement pour les amateurs de la marque, je m’apprête à jeter un (petit) pavé dans la mare.

Dans certains cas, l’appareil photo du Huawei P20 Pro est en effet exceptionnel. La gestion de la lumière est particulièrement impressionnante, alors que des scènes difficiles à capturer, où la luminosité passe par exemple du clair au sombre dans une même photo, sortent d’une façon superbe.

Dans l’ensemble, les photos sont nettes, notamment en mode 40 mégapixels, et on se prend pratiquement pour un photographe de National Geographic. Notez toutefois que je n’utilise pratiquement pas le mode 40 mégapixels de l’appareil. Dans la vie de tous les jours, des images de 10 mégapixels sont tout simplement beaucoup plus pratiques, et la qualité sur un écran est la même.

Malheureusement, la gestion des couleurs, elle, laisse parfois à désirer. Huawei a opté pour un logiciel qui effectue un traitement agressif des images. Par défaut, vos égoportraits seront par exemple artificiellement embellis, pour lisser votre peau, agrandir vos yeux et vous donner un léger air artificiel. Une horreur, qui n’embellit personne (mais qui serait, semblerait-il, populaire en Asie).

Dans les photos de paysages, les couleurs saturées ressortent, mais le résultat sur le téléphone est souvent bien différent de ce que l’on voit avec nos yeux. L’image avec un ciel archi bleu ou du feuillage archi vert est belle. Mais est-elle réaliste? Non. Je suis peut-être vieux jeu, mais personnellement, je ne veux pas que mon album photo personnel ait l’air d’un album Instagram, je veux qu’il reflète ce que j’ai observé. Si je souhaite rehausser certains éléments avec des filtres, je le ferai en postproduction.

L’appareil photo 3X n’est aussi pas à la hauteur. Les images sont visiblement pixélisées et la gestion de la luminosité est franchement moins bonne. Huawei souhaite se différencier des autres avec un objectif 3X plutôt que 2X, ce qu’on apprécie, mais le résultat n’est tout simplement pas à la hauteur, notamment en mode portrait.

Heureusement, les défauts logiciels peuvent pour la plupart être corrigés à la main, notamment en désactivant l’intelligence artificielle de l’appareil. Il y a toutefois quand même un léger effet de hasard lorsqu’on prend une photo, alors qu’on ne sait pas exactement de quoi celle-ci aura l’air (un effet de hasard que l’on n’a pas avec les Samsung Galaxy S9+ et le Pixel 2 XL, par exemple). Les mordus de photographie pourront évidemment corriger la situation avec des photos en RAW, mais il ne s’agit là d’une possibilité qui ne touche qu’une petite partie des utilisateurs.

Le logiciel n’est pas tout mauvais, cela dit. Le mode professionnel est par exemple excellent, et plusieurs fonctionnalités avancées rendent l’appareil polyvalent.

Dans l’ensemble, l’appareil photo Leica du Huawei P20 Pro est vraiment d’une superbe qualité, surtout d’un côté matériel, mais il faut quand même modérer ses attentes, surtout considérant le tapage promotionnel de Huawei sur le sujet et considérant les premières critiques dithyrambiques de l’appareil.

Un logiciel qui manque de finesse

Le Huawei P20 Pro offre une version modifiée d’Android 8.1. Le système d’exploitation est un peu à l’image du logiciel de l’appareil photo : beaucoup de tape-à-l’œil, mais peu de finesse.

L’interface a ainsi grandement été revue, mais n’améliore pas forcément Android, et plusieurs logiciels inintéressants se retrouvent sur l’appareil, souvent en double de ceux (meilleurs) de Google, un peu comme les fabricants le faisaient souvent il y a quelques années. On n’a toutefois pas besoin (ni envie) d’avoir Huawei Health d’installé sur son appareil, du moins à l’extérieur de la Chine.

Il y a bien quelques ajouts intéressants par contre. Il suffit de taper deux fois avec ses jointures sur l’écran pour prendre une capture d’écran facilement (un mécanisme plus efficace que de maintenir deux boutons enfoncés), ou même de le faire avec trois jointures pour démarrer une capture vidéo.

Dans l’ensemble, le logiciel n’est pas mauvais, mais il s’agit quand même du talon d’Achille d’un téléphone qui se démarque surtout pour ses qualités matérielles.

Malgré ses quelques défauts, le Huawei P20 Pro représente une option intéressante, surtout qu’à environ 1000$ sans entente chez la plupart des opérateurs au Canada, celui-ci est vendu près de 300$ de moins que ses principaux concurrents équivalents.

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