Cette page usurpe l’identité de personnes handicapées pour accumuler des «J’aime»
L’inspecteur viral vous avertit souvent de faire attention à ce que vous partagez ou appréciez sur Facebook. Quand on interagit avec une page, on signale à Facebook que ce contenu est populaire et qu’il devrait apparaître sur plus de fils d’actualité. On peut donc cliquer j’aime sur une photo inspirante qu’on voit passer, sans savoir qu’on fait malheureusement de la promotion pour une page qui fait circuler des théories anti-vaccin, par exemple.
Avant de cliquer «j’aime» ou de partager une publication Facebook, pourquoi ne pas jeter un petit coup d’oeil à la page, pour voir le genre de truc qu’elle publie? Vous pourriez ainsi aider à faire le ménage de l’internet. La pollution existe sur le web aussi.
Exemple:
Cette page Facebook immensément populaire au nom de «Béatrice Boistard» (la publication ci-haut a plus de 715 000 j’aime et 22 000 partages, quand même) publie invariablement des images de femmes vivant avec un handicap, appelant les internautes à cliquer J’aime avec des commentaires comme «personne ne m’aime» ou «tous ont honte de moi».
Ces publications 1) sous-entendent que les personnes vivant avec un handicap sont forcément malheureuses ou mal appréciées de leur entourage 2) usurpent carrément l’identité des personnes dans les photos et mentent pour vous soutirer un clic de pitié.
Vous voulez des preuves?
Dans la publication qu’on voit plus haut, on affirme que «tous ont honte de moi». Or, la jeune femme en question, Lizzy Holmes, doit être la dernière à le savoir. Cette ancienne infirmière a décroché en octobre 2014 un contrat de mannequinat et semble bien vivre son handicap depuis sa double amputation. «Elle a un support incroyable de sa famille et de ses amis, dont son mari, Lewis, qui est “assez fort pour me transporter quand j’en ai besoin“», témoigne-t-elle dans cet article du Mail Online.
«Je n’ai aucunement honte de mes jambes», affirme-t-elle dans l’article.
Elle vous semble être une femme dont «tous ont honte»?
Un autre exemple:
«Beaucoup de gens m’insulte, parce que je n’ai pas de bras personne ne m’offrais [sic] un j’aime», peut-on lire dans la publication Facebook.
Vraiment? Parce que la jeune femme en question, Angel, semble ne pas être au courant.
Angel a 25 ans, habite la Louisiane, étudie à la maîtrise en Psychologie, rêve de devenir actrice et refuse catégoriquement de se laisser abattre par son handicap. Elle a d’ailleurs fait une session de questions-réponses sur le réseau social reddit, où elle prend un malin plaisir à parler de tous ses «bras bioniques» qui lui permettent d’accomplir toutes sortes de tâches, et dont elle semble particulièrement fière.
Voici une photo du bras «bionique» qu’elle s’est fait construire pour pouvoir s’adonner au tir à l’arc:
Encore une fois, elle vous semble être une fille malheureuse?
Ah, et ce n’est pas la première fois que cette page se fait prendre à publier de fausses photos pour s’attirer la sympathie des internautes.
Si on utilisait les photos de ces jeunes femmes pour faire passer un message positif et montrer aux gens qu’il est très possible de vivre une vie normale et heureuse malgré un handicap, ça serait une chose. Mais qu’on vole leur identité pour faire pitié et pour aller chercher des clics…?
C’est à vous de déterminer si c’est acceptable ou non. Les réseaux sociaux vous appartiennent.