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Maudite bienveillance­

journalistes Canadien

Depuis que Canadien est exclu des séries, j’ai cessé d’écouter le 91,9 Sports à la journée longue et les émissions Les amateurs de sports et Bonsoir les sportifs au 98,5 en soirée. Ça parle beaucoup trop de soccer à mon goût.

Eurk. À la place, j’écoute ICI Première­ et je dois vous avouer que le mot ou l’expression que j’entends le plus souvent n’est plus «premier trio» mais plutôt «bienveillance». De un, ça fait changement; de deux, je me suis demandé pourquoi.

J’ai fait mes recherches : en 2018, les lexicologues du dictionnaire Robert ont statué que le mot qui a marqué le plus les esprits et les actualités était «bienveillance». Résultat : une entente commerciale est probablement intervenue entre Radio-Canada et le dictionnaire Robert pour placer non pas ce «produit», mais ce «mot» à leur antenne. En fait, c’est la même affaire que lorsque Martin McGuire se met à dire, pendant un match de Canadien qu’il décrit au 98,5, qu’il mangerait sur le champ une pizza de chez Vinnie Gambini à Boisbriand faite par ses amis qui travaillent là, et qu’il salue. Bref, c’est une pub.

Je pense que la trop grande parité dans la LNH, qui fait que les Blues se retrouvent en finale (WTF?) cette année, tient au fait que la Ligne est trop bienveillante envers ceux qui veulent évoluer dans ses rangs.

Une chose de réglée, donc; mais la bienveillance, c’est quoi? Revenons au dictionnaire. Selon Le Petit Robert, ce serait une disposition favorable à l’égard de quelqu’un – en ce sens, l’attitude de Claude Julien à l’endroit de Charles Hudon cette saison pourrait être qualifiée, elle, de malveillante.

Et il n’y aurait pas que le mot lui-même – bienveillance – qui serait à la mode. Sur ICI Première, on en parle comme d’une tendance sociale à la mode, certes, mais des chroniqueurs de certaines émissions de leur programmation vont même jusqu’à faire des appels à la bienveillance, car ils croient que le monde irait mieux ainsi.

Quand on y pense, même la Ligne nationale de hockey, sans la nommer directement, semble prendre cette direction : par exemple, le nombre de bagarres est dramatiquement à la baisse depuis quelques années. Puis, Brad Marchand s’est fait imposer récemment de tester une nouvelle pratique de bienveillance à peine déguisée – la lichette d’amour. Le public n’était pas prêt, la LNH a reculé. On va attendre encore un peu pour la lichette, et continuer de se frapper dans le blind-side pour quelques années.

Or, en lisant récemment l’essai Contre la bienveillance, d’un certain Yves Michaud français, j’ai compris ce qui me gosse avec la bienveillance. À ses yeux, la bienveillance, c’est la tolérance à outrance de toutes les différences, l’aplat-ventrisme collectif devant l’individu qui veut être respecté comme il est, la banalisation des erreurs et de la faiblesse, bref, c’est un symptôme de la post-modernité où tout fonctionne à la carte; du menu de votre restaurant préféré de poké bol aux identités.

Morale de cette histoire : je pense que la trop grande parité dans la LNH, qui fait que les Blues se retrouvent en finale (WTF?) cette année, tient au fait que la Ligne est trop bienveillante envers ceux qui veulent évoluer dans ses rangs. Jouer au hockey, c’est comme parler dans un micro : ça demeure un privilège. Et pour jouer et gagner dans la LNH, faut d’abord être bon, puis ça prend l’éthique combattante et l’esprit du capitalisme. Et dans le vestiaire, pas question de faire jouer des niaiseries comme All you Need Is Love avant un match, mais plutôt Seek and Destroy.

Allez, un peu de sérieux.

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