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Le touch rugby cherche son élan à Montréal

Photo: Pablo Ortiz/Métro

À ceux pour qui le mot «rugby» est synonyme de blessures, de plaquages violents et de dents perdues, les Outardes de Montréal ont un sport à proposer. Depuis cinq ans maintenant, le touch rugby se développe tranquillement mais sûrement dans la métropole. Rencontre d’une équipe mixte mordue de sports d’équipe.

Né en Australie, ce sport est surtout populaire dans les pays où le rugby l’est également, comme la Nouvelle-Zélande et la France, mais plusieurs équipes évoluent aux États-Unis et à Toronto.

Le club des Outardes et Touch Rugby Montréal tentent de faire connaître le sport au plus de gens possible, d’abord grâce aux réseaux sociaux, puis avec une première journée portes ouvertes à laquelle Métro a assisté fin mai au parc Jarry.

Une douzaine de personnes qui se lancent un ballon ovale: ce sport peut ressembler au touch football à première vue, mais il n’en est rien lorsqu’on s’y attarde vraiment.

Comme au rugby traditionnel, les passes vers l’avant sont interdites; on joue donc latéralement ou bien on envoie le ballon vers l’arrière.

L’équipe en possession du ballon peut faire six tentatives pour franchir la ligne des buts et marquer un essai. Si le porteur du ballon est touché, il le pose, la défense adverse recule de 5 m et un coéquipier reprend le ballon pour poursuivre l’attaque.

Le jeu se déroule à une vitesse fulgurante et demande beaucoup d’endurance et de réflexes.

Les Outardes ont été créées en 2014 par un groupe d’amis formé principalement «d’anciens rugbymen qui ne voulaient plus se blesser», raconte Alexandra Vazquez, présidente et coach du club, la seule équipe organisée de touch rugby à Montréal.

Elle qui n’avait aucune base dans ce sport y a trouvé un moyen de s’intégrer à sa nouvelle ville à son arrivée il y a deux ans.

«C’est un sport que j’aime bien parce que je viens d’une région de France où ça joue pas mal au rugby. En fait, ce qui me gêne dans le rugby, c’est les plaquages, confie-t-elle. Quand tu dis “touch rugby”, les gens ne savent pas trop ce que c’est, et ils retiennent “rugby”. Alors que c’est un sport pas violent du tout.»

«Le touch, c’est un bon moyen de jouer au rugby sans se blesser» –Alexandra Vazquez, président et coach des Outardes

Charlotte Girondel et Alexandra Vazquez Photo: Pablo Ortiz/Métro

L’équipe compte maintenant une trentaine de licenciés, c’est-à-dire des joueurs qui paient une cotisation au club – qui en retour achète les ballons et loue les terrains –, et cherche à «recruter un maximum de personnes pour pouvoir fonder plus d’équipes et avoir assez de monde pour faire des matchs intéressants et créer de la compétition», explique Charlotte Girondel, aussi présidente et coach des Outardes.

Après des études à Singapour, où elle a découvert le touch rugby, Charlotte s’est installée à Montréal pour le travail il y a cinq ans.

Le club, qu’elle a joint à peine un an après avoir posé le pied en sol montréalais, l’a également aidée à s’intégrer dans la métropole et à se créer un cercle d’amis.

Les deux coachs reconnaissent que le recrutement de Québécois reste un enjeu de taille, soit parce que c’est un sport qui leur est moins intuitif, comme le suggère Julien, qui joue avec les Outardes depuis le tout début, soit parce que c’est un sport intégré à la culture des Français, avance pour sa part Simon, qui s’est joint à l’équipe l’été dernier.

Alexandra Vazquez remarque que les clubs de rugby montréalais sont essentiellement formés «d’expatriés qui jouaient au rugby dans leur pays». Et puisque le touch est un dérivé du rugby, ça en fait un sport encore plus «niché», selon elle.

Mixité enrichissante
Le touch rugby peut être pratiqué par des équipes masculines, féminines ou mixtes, comme les Outardes. Le niveau de jeu n’est pas moindre pour autant, assurent les présidentes du club.

«Quand tu cours avec le ballon et que t’as une fille derrière toi, tu te dis : “Je vais y arriver.” Alors que quand c’est un gars, tu te dis : “Je vais prendre le touché et m’arrêter là.” C’est différent, mais c’est intéressant», illustre Charlotte Girondel, qui a joué dans une équipe féminine à Singapour.

«Les gars, tu leur dis qu’il y a des filles dans l’équipe et ils sont contents. C’est plus social et sympa, ajoute-t-elle. Et ça ne rend pas les équipes moins fortes. Mixte contre mixte, au final, c’est très équilibré.»

De plus, la présence de filles dans l’équipe peut être grandement bénéfique aux nouveaux joueurs.

«Les filles communiquent beaucoup plus verbalement. Quand tu es débutant dans une ligue et qu’il y a des filles qui jouent bien, c’est vraiment intéressant parce que tu apprends beaucoup, tout est dit. Avec les gars, souvent, il faut que tu aies compris ce qu’eux pensaient», s’exclame Charlotte en riant.

Les rugbymen apportent une expertise également appréciée, notamment en ce qui a trait à la vision du jeu et aux passes, mais ils doivent «désapprendre certains réflexes».

Alors qu’au rugby traditionnel, il est préférable de faire des passes latérales pour éparpiller la défense et se faufiler dans les trous, au touch rugby, les joueurs préfèrent souvent prendre le touché pour faire reculer la défense adverse.

«C’est une philosophie de jeu un peu différente, mais tout s’apprend, assure Alexandra, ajoutant qu’il ne faut pas avoir de talent particulier pour s’essayer au sport. Ça ne veut pas dire que si tu fais du rugby, tu ne peux pas faire du touch ou vice-versa. Ça reste des sports complémentaires; il faut juste changer quelques automatismes.»


Pablo Ortiz/Métro

Place à la compétition
Les Outardes se préparent présentement au tournoi national de touch du Canada, qui aura lieu à Toronto les 6 et 7 juillet. Une première sélection nationale pourrait même y être faite en vue du championnat des États-Unis, qui se déroulera à San Diego en octobre.

Et bien que le club ne compte pas se prendre trop au sérieux afin de conserver le côté social du sport, les équipes de Toronto, par exemple, commencent à être très compétitives.

«Pour beaucoup, ça commence à les titiller un peu d’aller chercher la compétition, la progression», reconnaît Charlotte, avant d’ajouter que le touch rugby demeure un sport amateur.

«On n’est pas là pour être des champions du monde, on est là pour prendre du plaisir, rappelle Alexandra. Mais pour ceux qui ont envie de progresser et qui ont des ambitions pour les équipes nationales, il y a de la place pour ça, pour grandir.»

Montréal accueillera d’ailleurs un tournoi de touch rugby en septembre.

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