La lutte, cette honteuse incomprise
Depuis quelques semaines déjà, RDS2 a relancé une vieille tradition québécoise malheureusement reléguée aux oubliettes depuis trop longtemps: la lutte professionnelle.
Avec son projet TOW, Marc Blondin a rassemblé plusieurs visages familiers de la petite famille de la lutte québécoise et, tous ensemble, l’épaule à la roue, ils ont remis à l’antenne un rendez-vous hebdomadaire par des gens d’ici, pour des gens d’ici. Les nostalgiques seront d’ailleurs heureux de revoir Raymond Rougeau à l’animation.
La mort de Mad Dog Vachon, le mois dernier, a remis un peu à l’actualité le vaste passé de la lutte au Québec. Plus qu’un terreau fertile pour les promotions américaines, le Québec est une province qui aime la lutte professionnelle et qui en produit à tous les niveaux depuis plusieurs décennies déjà.
Ça me semble un bon temps pour faire un coming-out alors: j’aime la lutte professionnelle.
Je l’aime depuis ma tendre enfance en fait. À l’aube de mes trente ans, je partage mon anniversaire avec le plus célèbre des évènements dans le domaine du sport-spectacle: Wrestlemania.
Produit pour une première fois en 1984 par la WWF (maintenant WWE), Wrestlemania est devenu l’incontournable rendez-vous. Le Super Bowl du sport-spectacle.
Moins culturelle qu’elle ne l’était à l’époque, la lutte produite par la WWE n’en demeure pas moins l’un des produits les plus consommés sur les réseaux câblés américains. Signe indéniable que ce «faux sport» répond à une demande réelle.
Les gens aiment la lutte, même si personne n’écoute la lutte. C’est comme Star Académie et Occupation Double. On connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui l’écoute, mais jamais nous.
Non monsieur!
Et bien je revendique mon droit d’aimer la lutte professionnelle. À l’époque, pour moi, la Guerre du Golfe c’était de voir Hulk Hogan renverser le Sgt. Slaughter en finale de Wrestlemania VII. La Guerre Froide, c’était les Bolchéviques formés par Nikolai Volkoff et Boris Zukhov. Oubliez David contre Goliath, pour moi, c’était Hulk Hogan contre le Géant Ferré à Wrestlemania III.
J’ai appris l’anglais en écoutant la lutte à la télé plus jeune, à CFCF 12 si ma mémoire est bonne.
Ma première ouverture sur la culture américaine, et mondiale par la bande, c’est entre quatre poteaux sur un matelas glorifié à titre d’arène.
Les lutteurs, plus grands que nature, résonnent dans l’imaginaire d’un enfant. Plus que la plupart des personnalités publiques.
Le produit, aujourd’hui, repose de moins en moins sur les caricatures sociales et de plus en plus sur les enjeux du jour. Par exemple, l’intimidation est au centre du message envoyé aux jeunes par la WWE présentement. Ironique que de voir un spectacle de violence promouvoir la non-violence, j’en conviens, mais le message passe quand même.
La fin justifie les moyens.
Alors, jetez un œil à la TOW. Faites-en une activité familiale. Le p’tit gars de cinq ans qui hiberne en vous sera reconnaissant.
Qui plus est, revoir de la lutte des années 1980 et 1990 est une excellente façon de passer des vacances des Fêtes nostalgiques. La fibre de votre enfance résonnera très, très fort. Je vous le jure.