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La Bolivie défend sa plante sacrée, la coca

Juan Ramón García - Métro Équateur

En Bolivie, la feuille de coca fait partie de la vie quotidienne… et culinaire. Depuis des milliers d’années, les habitants des Andes mâ­chent cette plante excitante, réputée pour sa haute teneur en nutriments et ses vertus médicinales. Aujourd’hui, les supermarchés sud-américains vendent du pain, des sucreries et des boissons faits à partir de cette plante. Et quand le temps devient froid dans les montagnes, les Boliviens boivent aussi le maté, une boisson chaude à base de feuilles de coca.

Avant la colonisation espagnole, les Incas utilisaient la coca lors de leurs cérémonies religieuses. «Pour nous, mâ­cher de la coca est profondément sacré. C’est com­me un rituel. Nos ancêtres considéraient la coca comme un cadeau de Pacha Mama, la Terre-Mère», explique José Mange, un chef amérindien.

Juan Ibarde Garay, un anthropologue et diplomate bolivien, partage ce point de vue. «Dans mon pays, 70 % des gens mâchent des feuilles de coca, comme les étudiants quand ils ont besoin d’énergie pour les fins de sessions, ou encore les chauffeurs routiers qui ont peur de s’endormir durant les longs trajets. Le fait de «pijchar» (mâcher des feuilles de coca en quechua, un des principaux langages autochtones) est une tradition et une partie de notre identité.» L’extrait de feuille de coca sert aussi à faire des sucreries et de la crème analgésique.

Cette dernière est très efficace grâce à l’effet «endormant» de la coca. Cependant, les organismes internationaux antidrogues veulent forcer les Boliviens à cesser de mâcher. En 1961, la Convention unique sur les stupéfiants de l’ONU a interdit la consommation de feuilles de coca, surtout pour freiner la production de cocaïne.  Effectivement, les feuilles de coca contiennent naturellement une infime quantité de cocaïne. À la fin de janvier, des milliers de Boliviens sont descendus dans les rues de La Paz pour réclamer l’amendement de la Convention, afin qu’elle permette à certains pays aux traditions culturelles et religieuses spécifiques de préserver des pratiques anciennes culturelles, comme la coca.

«Nous défendrons notre de droit de pijchar. C’est notre propre culture et nous prendrons nos propres décisions», conclut M. Magne.

La coca en bref

Les communautés andines mâchent des feuilles de coca depuis au moins 8 000 ans, comme vient de le démontrer une équipe internationale d’archéologues.

  • Pendant l’ère de l’Empire inca, les feuilles de coca faisaient office de monnaie.

  • L’alcaloïde de cocaïne, un des 14 éléments chimiques présents dans ses feuilles, sert à produire de la cocaïne. Ce principe actif représente 0,8 % d’une feuille de coca fraîche.

  • Une étude de l’Université Harvard a montré que 100 g de coca suffisent pour couvrir les besoins nutritionnels d’un adulte pour 24 heures. Cela est dû à la richesse naturelle de la plante en protéines et en nutriments, comme le calcium et la vitamine A.

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