Tuerie de Newtown : la racine du mal!
Pour la National Rifle Association (NRA), seul un bon avec une arme à feu peut stopper un méchant avec une arme à feu! Plus d’armes pour éradiquer la folie meurtrière, comment peut-on en arriver là?
Pas besoin d’un symposium pour démêler ce dossier. En 2002, après une énième tuerie, le réalisateur américain, Michael Moore, a pondu Bowling for Columbine. Deux extraits de ce film vulgarisent les origines de ce fléau avec une simplicité déconcertante. Dans un dessin animé incrusté au récit, une brève caricature de l’histoire des États-Unis nous secoue de vérités.
Au commencement, des pèlerins persécutés en Europe voguèrent vers le Nouveau Monde pour ne plus jamais avoir peur. Dès leur arrivée, ils furent accueillis par des sauvages. À nouveau, ils eurent peur! Alors, ils les tuèrent tous.
Par la suite, ces colons eurent peur les uns des autres. Alors, ils brulèrent les sorcières. En 1775, ils éliminèrent les Anglais, mais ils n’étaient toujours pas paisibles. Alors, ils passèrent le deuxième amendement qui a autorisé les Blancs de détenir une arme.
Ce qui nous amène à l’idée ingénieuse de l’esclavage. Les Blancs avaient même peur de bosser. Ils allèrent en Afrique, kidnappèrent des Noirs, les ramenèrent et les forcèrent à trimer dur pour zéro dollar! C’est comme ça que les États-Unis sont devenus le pays le plus riche du monde.
Après 200 ans d’esclavage, il y avait plus de Noirs que de Blancs dans le sud. Les esclaves se rebellèrent et commencèrent à trancher les têtes de leurs maîtres. Les Blancs flippaient.
Avec son arme qui tirait plusieurs coups sans qu’on ait à la recharger, Samuel Colt tomba à pique, en 1836. Les Blancs crièrent victoire! Mais c’était trop tard. Le Nord avait gagné la guerre de Sécession et affranchi les esclaves. Ils étaient libres de tuer leurs maîtres.
Du coup, les Blancs créèrent le Ku klux klan. En 1871, quand le KKK devint une organisation terroriste illégale, un autre groupe fut fondé, la NRA. Le pays passa une loi interdisant aux Noirs de posséder une arme, la NRA prônait le port d’arme légale et le KKK lynchait les Noirs.
Tout ceci dura jusqu’en 1955 quand une femme noire viola la loi en refusant de s’assoir au fond du bus. Il eut une de ces pagailles, car les Noirs exigeaient des droits. Les Blancs avaient plus peur et s’enfuirent vers les banlieues où tout était blanc, sûr et propre. Ils s’achetèrent 250 millions d’armes, posèrent des verrous et des alarmes chez eux et des grilles dans tout le voisinage.
L’autre extrait du film oscarisé de Michael Moore est l’interview du chanteur Marlyn Manson. Après Colombine, il semblerait que la seule explication à la fusillade était que les tueurs écoutaient sa musique. La réponse de l’artiste est d’une limpidité à couper le souffle. Voici sa transcription :
« Quand j’étais ado, on s’évadait dans la musique. C’était la seule chose qui ne portait pas de jugement. Un disque ne vous engueule pas sur votre façon de vous habiller. C’est réconfortant.
Je comprends parfaitement pourquoi on s’en prend à moi. Parce que c’est facile de me montrer à la télé. Parce que je suis un symbole de la peur. Parce que je représente ce que le monde redoute. Parce que je fais et je dis ce que je veux.
Les deux thèmes soulevés par cette tragédie ont été la violence dans la culture populaire et le contrôle des armes […] Les médias veulent fabriquer de la peur. Quand vous regardez la télé, on vous gave de peur : les inondations, le SIDA, les meurtres. Puis, on envoie la publicité : “achetez Acura”, “achetez Colgate”, “si tu as mauvaise haleine, on te parle pas”, “si tu as l’acné, les nanas ne baisent pas avec toi”. Ce n’est qu’une compagne de peur et de consommation. Je crois que tout est basé sur cette idée. Si on fout la trouille aux gens, ils consommeront! »
Là, le réalisateur lui a posé une question : « Si vous parliez aux Lycéens de Columbine, vous leur diriez quoi? » La réponse de l’artiste a été sans équivoque : « Je ne dirai rien. J’écouterais ce qu’ils ont à dire. Ce que personne n’a fait! »