La blogueuse qui fait trembler les islamistes
Olfa Riahi, retenez bien ce nom, car c’est celui d’une blogueuse et journaliste d’enquête tunisienne qui donne du fil à retordre aux islamistes d’Ennahda qui contrôlent le pouvoir en Tunisie.
À 29 ans, cette ancienne diplômée de l’Institut des Hautes Études Commerciales de Carthage (HEC) s’est convertie au journalisme d’enquête. Elle dévoile sur son blogue de sales affaires qui pourrissent le pouvoir en Tunisie.
Sa dernière prise est le ministre des Affaires étrangères de son pays, Abdessalem Bouchleka. Le ministre en question n’est nul autre que le gendre de Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha. Comme quoi, les islamistes ne sont pas immunisés contre le copinage et la collusion pour pistonner la parenté. Bienvenu au pouvoir!
La blogueuse tunisienne a mis dans l’embarras le beau-frère de l’autre, en décembre 2012. Elle a d’abord publié une enquête dans laquelle elle a accusé le ministre d’avoir encaissé 1 M$ offerts par le gouvernement chinois, sans passer par la trésorerie de l’État. Par la suite, elle a rendu publique des factures qui ont révélé le scandale de ce début d’année à Tunis. Ce que les journalistes locaux appellent désormais le «Sheratongate».
Olfa a publié des factures signées du ministre qui a fait payer à son ministère six nuitées et des frais de blanchisserie personnels facturés par l’hôtel Sheraton de Tunis.
Le hic, c’est que le ministre dispose pourtant d’un logement de fonction au ministère situé juste en face de l’hôtel de luxe.
Évidemment, le ministre tunisien des Affaires étrangères a tout nié. Rafik Abdessalem Bouchleka a dénoncé un complot politique pour le discréditer. Fait à noter, le ministre en question est l’un des ministres les plus critiqués dans son pays. L’opposition met souvent en avant son manque de compétence et plusieurs gaffes qu’il a commises.
Dans un premier temps, pour noyer le poisson, les avocats de Rafik Abdessalem Bouchleka ont essayé de discréditer sans succès la blogueuse, car l’affaire qui fait les choux gras de la presse tunisienne et aussi relayée par les médias occidentaux.
Le 15 janvier dernier, alors qu’elle est accusée pour diffamation et interdite de sortie du territoire tunisien, sur la base d’une plainte déposée par les avocats du ministre des Affaires étrangères, la blogueuse tunisienne a été entendue comme témoin par un juge d’instruction au tribunal de première instance de Tunis.
Le ministre fait désormais l’objet d’une enquête judiciaire et a, lui aussi, été entendu le mardi 15 janvier en qualité de témoin, par un juge d’instruction du tribunal de Tunis.
Plusieurs militants des droits de l’homme tunisiens sont montés aux barricades pour soutenir Olfa Riahi et Reporters sans frontières suit avec attention le déroulement de l’enquête judiciaire.