Pour François Legault, Montréal est une source d’inquiétudes

Racisme
François Legault Photo: Josie Desmarais/Archives Métro

QUÉBEC — Déjà repoussée à deux reprises, la date du déconfinement de Montréal, désormais fixée au 25 mai, pourrait l’être une fois de plus, si nécessaire, a soutenu le premier ministre François Legault, lundi.

Cherchant à se faire rassurant, le premier ministre a affirmé qu’il ne prendrait «pas de risque» et que le processus de déconfinement des commerces, des entreprises, des garderies et des écoles se ferait au moment jugé opportun dans la métropole et ses banlieues, où le virus de la COVID-19 frappe de plein fouet.

«C’est pas impossible que ce soit repoussé plus tard», a-t-il dit, évoquant même la possibilité que les écoles primaires montréalaises ne soient pas rouvertes avant le 1er septembre.

La région de Montréal est devenue l’épicentre de la pandémie au Canada. 

En conférence de presse, M. Legault a admis que la situation dans le Grand Montréal était «inquiétante» et hors de contrôle, tandis que le portrait paraissait plus stable dans le reste du Québec, où le processus de déconfinement s’est poursuivi lundi avec la réouverture des écoles primaires, des garderies et des entreprises du secteur manufacturier.

Quant à la situation dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), où la grande majorité des décès attribuables à la COVID-19 surviennent, le premier ministre a fait son mea culpa, admettant que le gouvernement était «mal préparé» à affronter une crise sanitaire de cette ampleur.

Il est revenu lundi sur les résultats de deux études de l’Institut national de santé publique (INSPQ), rendues publiques vendredi après-midi, qui arrivent aux deux mêmes conclusions, soit qu’en régions, la pandémie est sous contrôle, mais qu’à Montréal, elle ne l’est pas et qu’elle est même inquiétante, annonçant une explosion du nombre de cas, d’hospitalisations et de décès, selon le scénario d’un déconfinement hâtif.

Mais ce scénario est hypothétique, a insisté le premier ministre.

«Le scénario qui a été déposé par l’INSPQ n’arrivera jamais», a-t-il prédit, ajoutant que son gouvernement n’ouvrira pas «les commerces, pis les écoles, si la situation est comme ça» à Montréal.

M. Legault a rappelé que la majorité des cas d’infections et, surtout, de décès étaient localisés dans le Grand Montréal. C’est pourquoi la santé publique a reporté la réouverture des commerces, des écoles et des services de garde du Grand Montréal au 25 mai.

«On va suivre la science», a assuré le chef du gouvernement, avant de fixer une nouvelle date sur le calendrier.

Pour espérer déconfiner Montréal à court terme, il faudra augmenter le nombre de tests de dépistage effectués dans la région, a-t-il dit. On est passé récemment de 6000 à 10 000 par jour, mais ce n’est pas encore suffisant, a-t-il fait valoir. À la suite de la recommandation du Collège des médecins, divers professionnels de la santé, dont les dentistes et les hygiénistes dentaires, pourront eux aussi désormais effectuer des tests.

Par ailleurs, la pénurie de personnel dans les résidences pour aînés demeure un défi. M. Legault a lancé un nouvel appel à l’aide aux professionnels de la santé, suppliant ceux qui ont été infectés et qui ont terminé leur période d’isolement ou de quarantaine de revenir au travail.

Il a aussi prié les gens des régions de ne pas ostraciser ceux du Grand Montréal qui voudraient voyager à travers le Québec. Le premier ministre a rappelé que si la distanciation de deux mètres est respectée, les gens de Montréal peuvent sans danger visiter les régions. Si la circulation des gens du Grand Montréal vers les régions s’avérait problématique, Québec interviendrait.

Pourquoi tant de décès?

M. Legault a également expliqué pourquoi le Québec est l’une des régions les plus touchées dans le monde, toutes proportions gardées. Pour lui, c’est dû à trois raisons.

D’abord, la relâche scolaire québécoise est survenue au pire moment pour propager le virus, fin février, début mars.

Ensuite, il a rappelé qu’au Québec, tous les décès associés à une maladie ou un virus sont déclarés, peu importe où ces décès surviennent, ce qui n’est pas le cas partout dans le monde.

Finalement, les CHSLD étaient mal préparés, leur personnel sous-payé et incité à travailler dans plusieurs établissements, augmentant ainsi le risque de transmission.

Un autre facteur a contribué à la hausse du nombre de décès: le fait que, plus qu’ailleurs dans le monde, le Québec compte une proportion élevée de personnes âgées vivant en résidences pour aînés.

De dimanche à lundi, le Québec a enregistré 85 nouveaux décès (dont 82 dans la seule région de Montréal) attribuables au virus, pour un total de 3013 décès depuis le début de la crise sanitaire.

Jocelyne Richer, La Presse canadienne

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.