À surveiller cette semaine pendant la campagne présidentielle américaine

La sénatrice Elizabeth Warren le 19 septembre. Photo: Cliff Owen/AP Photo

NEW YORK — Les campagnes présidentielles avancent à pleine vapeur. Voici quelques éléments à surveiller au cours de la prochaine semaine.

Jours avant le vote: 43

Jours avant le premier débat: 8

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LA TRAME DE FOND

La surprise d’octobre est arrivée tôt en 2020

La mort de Ruth Bader Ginsburg injecte un autre combat générationnel dans une année électorale qui se déroulait déjà dans le contexte de la menace la plus meurtrière à la santé publique depuis un siècle; du pire effondrement économique depuis la Grande Dépression; et des troubles civils les plus importants depuis l’ère des droits civiques. Six semaines avant le jour du scrutin, la lutte pour remplacer Mme Ginsburg devrait faire la une des journaux, avec la perspective de remanier les priorités des électeurs et les stratégies des campagnes, en particulier pour le président Donald Trump.

Pourtant, la pandémie fait toujours rage. Des millions d’écoliers sont coincés à la maison. La reprise économique traîne. Et plus de 200 000 Américains sont morts.

Et à l’horizon: l’un des débats présidentiels les plus attendus de l’ère moderne arrive dans huit jours.

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LES GRANDES QUESTIONS

Est-ce soudainement une nouvelle élection?

Une élection présidentielle qui s’annonçait comme un référendum sur le leadership de M. Trump pourrait soudainement se transformer en une élection sur la prochaine nomination à vie à la plus haute cour du pays.

Ou pas.

Certains seront passionnés par la question, puisque les enjeux sont énormes pour l’avenir du système judiciaire américain et pour plusieurs questions de premier plan, comme le droit à l’avortement. Mais il est moins clair que les électeurs indécis de la Floride, de la Pennsylvanie et de l’Arizona seront également intéressés par cette bataille de la Cour suprême.

La plupart des Américains font face à des crises beaucoup plus imminentes: des millions d’enfants ne peuvent pas aller à l’école, les grands-parents restent isolés et les entreprises du pays, petites et grandes, luttent pour leur survie.

Et le candidat, ou la candidate, est…?

Les proches du président l’encouragent à annoncer son candidat, ou sa candidate, à la Cour suprême au plus tard le jour du premier débat présidentiel, le 29 septembre.

M. Trump a promis de choisir une femme, et les républicains espèrent qu’un choix féminin aidera leur parti à rallier les femmes de la banlieue et servira de contrepoids à la sélection historique par M. Biden de la sénatrice Kamala Harris comme colistière. Tout(e) candidat(e) aura un dossier et une expérience qui feront l’objet d’un examen minutieux.

Les démocrates prieront pour déterrer des éléments qui pourraient retarder le processus ou porter ombrage à M. Trump, comme ce fut le cas avec le dernier candidat du président. L’équipe Trump fera tout ce qui est en son pouvoir pour que cela ne se produise pas.

Dans des conditions normales, les nominations à la Cour suprême sont extrêmement importantes. Cette fois-ci, le choix pourrait remodeler directement ou indirectement les trois branches du gouvernement américain.

Que dira M. Trump des 200 000 Américains morts?

Le bilan de la pandémie, qui a dépassé les 200 000 morts dimanche, est stupéfiant, de loin le plus élevé au monde. Plus d’Américains ont été tués par la COVID-19 que lors de tous les conflits militaires après la Deuxième Guerre mondiale et les attaques du 11 septembre mis ensemble.

Pire encore, plusieurs centaines d’Américains meurent chaque jour à l’approche de la saison grippale. La COVID pourrait dépasser le cancer et les maladies cardiaques en tant que principale cause de décès aux États-Unis cette année.

M. Trump, qui a largement abandonné les États à leur sort face à la pandémie, a multiplié ses promesses d’un vaccin très bientôt. Mais l’histoire bien documentée du président en matière de fausses informations sur la pandémie et d’autres problèmes a gravement endommagé sa crédibilité et, par conséquent, environ la moitié des Américains prévoient ne pas prendre le vaccin lorsqu’il sera disponible.

M. Trump peut-il remettre le compteur à zéro avant le premier débat?

M. Trump et ses alliés ont passé une grande partie de l’été à dénigrer l’acuité mentale de Joe Biden, dépeignant le démocrate de 77 ans comme un vieillard sénile. Les sondages suggèrent que cette stratégie n’a pas été efficace, et pire encore pour M. Trump, elle a considérablement réduit les attentes envers M. Biden lors du premier débat.

Il est peut-être trop tard, mais l’équipe Trump doit modifier ces attentes — au moins un peu — avant le premier débat.

M. Biden est un débatteur beaucoup plus expérimenté que M. Trump, et il maîtrise bien mieux les affaires mondiales et la politique intérieure que lui. Au même moment, M. Trump se présentera au débat vulnérable sur plusieurs fronts, après avoir été filmé encourageant les gouvernements étrangers à se mêler des élections avant de présider au pire effondrement économique et aux pires crises de santé publique depuis un siècle.

M. Biden a l’expérience et les munitions pour faire de réels dégâts. Mais une semaine avant le débat, grâce au message de M. Trump, le démocrate est perçu comme étant celui qui doit faire ses preuves.

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LE MOT DE LA FIN

L’État d’origine de M. Biden, la Pennsylvanie, ressemble de plus en plus au premier État crucial de 2020.

S’il est vrai que les deux candidats ont plusieurs façons de récolter 270 votes électoraux, leurs chances de gagner diminueraient considérablement s’ils ne parvenaient pas à capturer les 20 votes électoraux de l’État. Il y a eu peu de sondages publics ces dernières semaines, mais chaque parti nous dit en privé que la course se resserre.

M. Trump devrait faire campagne en Pennsylvanie deux fois cette semaine. Et après la Floride, aucun État ne sera le théâtre plus de dépenses en publicités présidentielles au cours des six prochaines semaines que la Pennsylvanie, selon la société de suivi publicitaire Kantar / CMAG. De plus, il y a quelques jours à peine, M. Biden a dévoilé un cadre pour l’élection qui est résolument axé sur la Pennsylvanie: il s’agit d’un choix entre «Scranton et Park Avenue», a déclaré M. Biden, établissant un contraste entre ses racines de classe ouvrière en Pennsylvanie et l’éducation privilégiée de M. Trump à New York.

M. Trump est devenu le premier républicain depuis 1988 à gagner la Pennsylvanie il y a quatre ans. Mais il l’a fait avec une majorité de seulement 44 000 votes sur plus de six millions de votes.

Steve Peoples, The Associated Press


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