Cinq éléments à surveiller pendant le débat entre MM. Trump et Biden

Un ouvrier pulvérise du désinfectant sur un pupitre lors des préparatifs du premier débat présidentiel à Cleveland. Photo: Patrick Semansky/AP Photo

NEW YORK — Le président Donald Trump et le candidat présidentiel démocrate Joe Biden s’affronteront pour la première fois mardi soir.

Des millions d’électeurs pourront alors comparer non seulement les politiques, mais aussi les personnalités des deux hommes face à face, pendant 90 minutes.

Voici cinq grandes questions avant cette soirée décisive.

COMMENT M. TRUMP DÉFENDRA-T-IL SA PERFORMANCE?

Lors de son premier débat formel depuis qu’il a été élu, M. Trump aura des comptes à rendre.

La COVID-19 a tué plus de 200 000 Américains, le pire bilan de la planète. Des dizaines de millions de personnes sont toujours au chômage. Les fissures politiques et culturelles du pays ne cessent de se creuser. Et c’est sans oublier les révélations des derniers jours, concernant le fait que M. Trump a payé moins d’impôt sur le revenu que la majorité des Américains de la classe moyenne, et ce pendant plusieurs années.

Le modérateur Chris Wallace, de Fox News, risque fort de marteler le président concernant tout ça.

M. Trump semble adorer les combats au corps à corps, et ses antécédents permettent de croire que ni les faits ni les règles ne l’empêcheront de dire ce qu’il veut pour changer le sujet. Il pourrait essayer de faire dévier la conversation vers des eaux plus calmes, comme la loi et l’ordre ou la Cour suprême, ou de nouveau s’en prendre aux aptitudes mentales et physiques de M. Biden.

De telles attaques personnelles ont bien servi M. Trump il y a quatre ans. Mais maintenant qu’il dirige le gouvernement, on ne sait pas comment les électeurs percevront son personnage du rebelle indiscipliné.

COMMENT M. BIDEN RÉAGIRA-T-IL?

Il est difficile de discerner le fil conducteur de la campagne Trump depuis le début, mais un sujet revient constamment: que M. Biden, un homme de 77 ans que le président appelle «Sleepy Joe», n’a pas les capacités physiques et mentales pour occuper la présidence. L’enjeu crucial pour M. Biden mardi soir sera alors peut-être de convaincre l’électorat qu’il est en mesure de faire le travail.

Les attaques constantes de M. Trump signifient aussi que M. Biden n’aura peut-être besoin que d’une performance acceptable pour être perçu comme étant le vainqueur de la soirée.

Sur papier, après cinquante ans de politique, M. Biden détient nettement plus d’expérience des débats que M. Trump, et sa maîtrise des sujets nationaux et internationaux est bien meilleure. Mais après ses performances en dents de scie lors des débats primaires démocrates, les militants de son parti ont raison d’être nerveux.

QUI LES ÉLECTEURS VERRONT-ILS SUR LA SCÈNE?

M. Trump et ses alliés républicains tentent de présenter M. Biden comme un socialiste depuis le début. M. Biden et ses alliés traitent le président de raciste depuis les premiers jours de la campagne.

Mardi, chaque candidat obtiendra une occasion en or de défendre sa position.

M. Biden, que ses politiques libérales placent au centre de son parti, propose d’accroître le rôle du gouvernement dans des secteurs comme les soins de santé, l’éducation et l’environnement. De telles politiques ne sont pas vraiment socialistes, mais elles constitueraient un glissement vers la gauche et nécessiteraient des hausses d’impôts.

M. Trump ne s’est jamais gêné pour utiliser des propos racistes et pour défendre des politiques qui favorisent largement les Blancs. Il a par exemple utilisé le pouvoir de la présidence pour sévir contre les manifestants du mouvement «Black Lives Matter», les qualifiant de «terroristes» et prévenant qu’ils sont en train d’envahir les banlieues blanches.

Les électeurs seront surtout interpelés par les personnalités des deux candidats. Ce sont toutefois leurs politiques qui auront le plus d’impact sur leur vie quotidienne.

COMMENT BIDEN RÉAGIRA-T-IL AUX MENSONGES DE TRUMP?

L’équipe de M. Biden lui conseille d’éviter de s’empêtrer dans des confrontations avec le président, de ne pas constamment corriger ce qu’il dit pour éviter d’aller se battre dans la boue avec un homme qui adore le faire.

M. Biden pourrait facilement consacrer les 90 minutes du débat à contredire et corriger le président. Les militants plus progressistes de son parti souhaiteront aussi le voir attaquer M. Trump. Mais M. Biden veut surtout s’élever au-dessus de la mêlée et se présenter aux électeurs comme un candidat raisonnable, prêt aux compromis, capable de mettre fin aux querelles incessantes qui ont dominé la présidence Trump.

C’est un équilibre délicat, et M. Biden peine parfois à suivre les conseils de son entourage. On l’a vu s’impatienter lors d’échanges avec des électeurs cette année. Sa campagne a aussi tenté, souvent sans succès, de raccourcir et de préciser ses discours.

Même dans le meilleur des cas, comme on l’a vu lors des débats précédents de M. Trump, l’homme est difficile à affronter directement. L’ancienne vedette de téléréalité est très à l’aise devant les caméras et il est prêt à dire n’importe quoi — que ce soit vrai ou non.

COMMENT LA DÉMOCRATIE S’EN TIRERA-T-ELLE?

M. Trump a fréquemment cherché à miner l’intégrité de l’élection en soulevant des craintes injustifiées de fraude électorale. Tirant de l’arrière dans les sondages, il multiplie les avertissements à ce sujet à l’approche du vote.

Le message de M. Trump n’est pas appuyé par les faits, mais plusieurs de ses partisans le croient. On verra à quel point M. Trump sera convaincant face à la résistance de M. Biden — et possiblement face à celle du modérateur Chris Wallace.

Il n’est pas déraisonnable de s’inquiéter de la capacité du service postal américain à livrer la marchandise, alors qu’un nombre sans précédent d’Américains voteront par correspondance pour se protéger du virus. Plusieurs États mettent aussi tout en oeuvre pour éviter les problèmes vécus lors des élections primaires. Mais les experts sont unanimes: rien ne permet de croire à une fraude électorale répandue et les risques que cela se produise en 2020 sont infimes.

Mais la voix des experts n’est pas aussi forte que ce qui sera dit mardi soir.

Steve Peoples, The Associated Press







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