Le président Trump compare de nouveau la COVID-19 à la grippe saisonnière

Alyssa Farah, directrice des communications stratégiques à la Maison Blanche, réalise une interview devant la Maison Blanche, le mardi 6 octobre 2020. Photo: Evan Vucci/AP Photo

WASHINGTON — Le président Donald Trump, qui poursuit sa convalescence après avoir été infecté par la COVID-19, a encore minimisé mardi la gravité du virus qui a coûté la vie à plus de 210 000 Américains, la comparant de nouveau à la grippe saisonnière. Il a aussi affirmé qu’il reprendrait bientôt sa campagne électorale sur le terrain.

Le président, de retour à la Maison-Blanche après avoir passé trois jours dans un hôpital militaire de la région de Washington, où il a reçu plusieurs médicaments et traitements expérimentaux, a alarmé les experts en maladies infectieuses par son attitude nonchalante face à la maladie. Sa propre infection ne semble pas avoir entraîné de changement dans son approche face au virus, qui a également infecté la première dame et plus d’une douzaine de proches collaborateurs de la Maison-Blanche, dont le plus récent cas est le conseiller du président Stephen Miller.

Cherchant apparemment à montrer une image de force à quatre semaines du scrutin, M. Trump, qui est toujours contagieux, a écrit sur Twitter mardi matin qu’il prévoyait participer au débat de la semaine prochaine avec le démocrate Joe Biden à Miami. «Ce sera super!», a-t-il dit.

Dans une lettre, le médecin principal du président, le docteur Sean Conley, a affirmé que M. Trump avait passé une nuit «reposante» à la Maison-Blanche et qu’il n’avait «rapporté aucun symptôme» mardi. Peu avant son départ du centre médical militaire national Walter Reed, lundi après-midi, le docteur Conley avait déclaré que le président ne serait «pas complètement sorti du bois» avant au moins une semaine.

Dans une vidéo publiée lundi soir, après son retour à la Maison-Blanche, M. Trump a affiché une attitude désinvolte face au virus, contredisant les avertissements de santé publique de sa propre administration qui a appelé les Américains à prendre la menace au sérieux et à respecter les mesures visant à freiner la propagation de la COVID-19.

«N’en ayez pas peur», a dit M. Trump a sujet du virus. «Vous allez le battre. Nous avons le meilleur équipement médical, nous avons les meilleurs médicaments.» Il a parlé d’une voix forte, mais il respirait plus profondément que d’habitude en s’exprimant.

Moins pire que la grippe?

Mardi, le président est également revenu sur ses précédentes comparaisons de la COVID-19 avec la grippe saisonnière.

«De nombreuses personnes chaque année, parfois plus de 100 000 personnes, et malgré le vaccin, meurent de la grippe», a-t-il tweeté. «Allons-nous fermer notre pays? Non, nous avons appris à vivre avec, tout comme nous apprenons à vivre avec la COVID, beaucoup moins meurtrière pour la plupart des populations!!!»

En réalité, la COVID-19 est déjà bien plus meurtrière que la grippe, surtout chez les personnes âgées, et peut causer des effets à long terme sur la santé des personnes plus jeunes. Selon les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, la grippe a fait de 12 000 à 61 000 morts par an aux États-Unis depuis 2010 — bien moins que ce que prétend M. Trump.  

Lundi après-midi, avant de sortir de l’hôpital, le président avait écrit: «Je me sens vraiment bien! N’ayez pas peur de la COVID. Ne la laissez pas dominer votre vie. Sous l’administration Trump, nous avons développé de bons médicaments et un bon savoir. Je me sens mieux qu’il y a 20 ans!»

Ce message a alarmé les experts en maladies infectieuses.

«Nous devons être réalistes à cet égard: la COVID est une véritable menace pour la population américaine», a déclaré le docteur David Nace du Centre médical de l’Université de Pittsburgh, un expert des infections chez les personnes âgées.

«La plupart des gens n’ont pas autant de chance que le président» et ne disposent pas d’une unité médicale personnelle et d’un accès à des traitements expérimentaux, a-t-il ajouté.

«C’est un message déraisonnable», a estimé la docteure Sadiya Khan, de l’École de médecine Feinberg de l’Université Northwestern. «J’irais jusqu’à dire que cela pourrait précipiter ou aggraver la propagation.»

L’expérience de M. Trump avec le virus est radicalement différente de celle de la plupart des Américains, qui n’ont pas accès au même type de surveillance et de soins. Alors que la plupart des gens doivent faire face à leurs symptômes seuls à la maison, en ne sachant pas comment les choses vont tourner, M. Trump a séjourné dans la suite présidentielle de l’un des meilleurs hôpitaux du pays et a reçu des traitements expérimentaux peu accessibles au public. À la Maison- Blanche, il dispose d’une équipe de médecins qui le surveillent 24 heures par jour.

Zeke Miller, Jill Colvin et Aamer Madhani, The Associated Press


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