Nadia Zouaoui: la femme derrière «Peur, Colère et Politique»

Nadia Zouaoui est l’auteure de Peur, Colère et Politique, un film déchirant sur les ravages de l’islamophobie chez nos voisins américains.

Même si son film a été récompensé par deux prix au dernier Festival Vues d’Afrique (voir ici), nos médias ont boudé Nadia Zouaoui. Et ce n’est pas parce que la Montréalaise d’origine algérienne est une inconnue dans la confrérie des réalisateurs québécois.

Arrivée au Canada fin des années 1980, la Kabyle a eu un destin singulier. Femme au foyer, elle s’est émancipée du joug du patriarcat par ses propres moyens. Elle a trimé pour décrocher un baccalauréat en communication et littérature française de l’Université de Montréal, un diplôme d’animation radio et télé de l’école Promédia à Montréal et un certificat en études anglaises de l’Université McGill.

Au milieu des années 1990, après une galère dans la radio communautaire, Nadia Zouaoui a gagné la bourse Nord-Sud de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Ce premier prix lui a ouvert les portes de Radio-Canada.

En 15 ans de carrière comme journaliste pigiste et réalisatrice, Nadia Zouaoui a été récompensée par plusieurs prix. En 2007, pour Le Voyage de Nadia, un documentaire sur la souffrance silencieuse des femmes en Algérie, elle a gagné le prix Gémeaux et le prix des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM). Elle est aussi l’une des rares Québécoises à avoir gagné le prix du Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société (FIGRA) en France, en 2008.

En 2011, forte de son parcours, Nadia Zouaoui préparait un documentaire sur la controversée mosquée de Ground Zero, à New York. Lors de ses recherches, elle a découvert une enquête du Washington Post et d’ABC (voir ici) sur le sujet de l’islamophobie. Elle a été ébranlée par les conclusions de cette étude.

La Montréalaise d’adoption s’est aussitôt mise au travail pour raconter les histoires de victimes qui ont subi l’assaut de l’islamophobie aux États-Unis. Elle a contacté Al Jazira en anglais pour produire son film. La chaîne qatarie a d’abord refusé son projet car elle doutait de l’ampleur du dossier. Nadia a fini par la convaincre grâce à l’étude du Washington Post et d’ABC.

La réalisatrice montréalaise s’est démenée et a réalisée une recherche effrénée pendant l’été 2011.  Et elle a eu de la chance. La commémoration du 10e anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre a coïncidé avec la sortie de plusieurs livres sur le sujet. L’un de ces ouvrages a été déterminant. Patriot Acts, Narratives of Post-9/11 Injustice, de Alia Malek, lui a permis de rencontrer les personnages qui ont accepté de témoigner devant sa caméra.

En ce mois de septembre 2011, avec un budget serré, Nadia Zouaoui a pris des risques financiers et professionnels énormes pour aller jusqu’au bout de son film. Ses efforts ont été récompensés.

En plus de gagner deux prix au dernier Festival Vues d’Afrique de Montréal, son film a été diffusé par Al Jazira en anglais, la chaîne suivie par 100 millions de téléspectateurs à travers le monde. Son documentaire a été classé au 5e rang des films les plus regardés sur Al Jazira.

Pour voir le film dans sa version originale : 

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Sur le même sujet, à lire demain dans le journal Métro dans la chronique de Hassan Serraji :

Peur, colère et politique : Les autres victimes du 11 septembre

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