Les mots croisés

Nous sommes lundi, 17 h 05, à la station Sherbrooke. La fin de la journée s’étire lourdement. Comme une locomotive fatiguée qui traîne trop de wagons. Parlant de wagons, la voiture dans laquelle je monte offre quelques places libres. Chose rarissime à l’heure de pointe.

À côté de mon siège, une banquette à deux places est occupée par un petit garçon qui porte un sac à dos duquel dépasse la tête d’un singe en peluche. Près de lui une femme est concentrée sur ses mots croisés. Elle doit être sa mère à en juger par l’aisance avec laquelle l’enfant appuie sa petite tête sur l’épaule de la cruciverbiste.

Le petit, qui est en âge de lire, demande : «C’est quoi Sherbrooke?» Sans quitter ses cases des yeux, la dame répond que c’est le nom d’une rue. Qu’il s’agit sûrement d’un patronyme et que parfois les rues sont nommées d’après quelqu’un.

Le petit, pendant un moment, reste pensif. Il imagine peut-être qu’il aura un jour la sienne. «Et les pays? On peut avoir un pays qui porte notre nom?» La mère, aussi aimante soit-elle, regarde son petit avec un doux mélange de tendresse et de fatigue. Elle lui sourit de ce sourire qui veut dire : «OK, ça suffit la machine à questions.»

L’enfant a compris et se retourne vers fenêtre. Il tourne le dos, laissant son singe faire face à sa mère, maintenant libre de réfléchir à ses mots croisés. Certains semblent lui échapper. Elle consulte alors discrètement les dernières pages de son fascicule. 

Là où se cachent les solutions.

Là où se trouvent les réponses.

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