Chauffeur de camion-citerne: un métier hors-norme

Le dimanche 20 juillet, un camion-citerne de la compagnie angevine GHL Transport s’est renversé. Les 45 000 litres de carburant à bord ont provoqué une gigantesque explosion qui a coûté la vie au chauffeur. Un tel drame met la lumière sur les risques du métier.

« C’est triste, mais c’est une réalité qui fait partie de notre travail », confie Daniel Beaulieu, camionneur depuis 25 ans et conducteur de camion-citerne depuis quatre ans.

« Tout chauffeur qui se respecte est conscient de la dangerosité de son chargement. Le jour où l’on décide de faire ce métier, on accepte les risques qui viennent avec », ajoute-t-il.

Pour plusieurs camionneurs, les dangers de leur métier ne sont pas assez connus par la population.

« C’est sûr que ça fait réfléchir. C’est très triste et j’aimerais vraiment que le public puisse comprendre notre réalité, avoue Isabelle Mailloux, de l’Association des routiers professionnels du Québec (ARPQ). En plus d’être dangereuse, la matière que l’on transporte bouge tout le temps. Il faut sans cesse s’ajuster dans les courbes, prendre en compte la longueur de la citerne et les distances de freinages. Parfois, les automobilistes ne comprennent pas ça. »

Un point sur lequel le rejoint Dominic Moisan, chauffeur et enseignant dans un centre de formation en transport.

« Pour les gens, on est constamment une gêne. Mais ce n’est pas comme si on transportait des boîtes de  » Kleenex « . Derrière nous, on a un produit qui bouge et qui revient en vague, 45 pieds en arrière, au moindre mouvement. Ce ne sont pas tous les chauffeurs qui veulent se lancer dans cette spécialité-là. Il faut aimer les défis, être attentif, concentré, rigoureux et toujours être sur ses gardes. »

De son côté M. Beaulieu refuse de transporter du carburant et certains produits chimiques.

« C’est une question de principe. Il y a la dangerosité et le fait que l’on devrait être mieux rémunéré pour ce type de marchandises. »

Un secteur très encadré

Il faut dire que le spectre des matières dangereuses est très large.

« Cela inclut de nombreuses choses, depuis le produit lave-vitre, jusqu’aux produits chimiques, en passant par la bouteille de vodka, l’eau de javel et le carburant, explique Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec (ACQ). Il faut apporter beaucoup de nuances. »

Il y a neuf classes de matières dangereuses. Leur transport est soumis à la réglementation fédérale et intégrée à celle du Québec.

« Avant de partir sur la route, les chauffeurs doivent remplir des documents d’expédition très détaillés, indique Nathalie Léveillé, coordonnatrice en conformité et affaires juridiques à l’ACQ. Tous connaissent la nature de leur chargement et les consignes de sécurité inhérentes. »

L’ACQ intervient d’ailleurs auprès des gestionnaires pour donner des formations appropriées sur chaque matière transportée.

« On doit aussi détenir une carte, renouvelable tous les trois ans, pour ce type de transport, explique Mme Mailloux. La réglementation est encore plus stricte en matière d’explosifs. J’en ai transportés pendant un an et demi et c’est vraiment particulier. Il y a une enquête de la Gendarmerie royale du Québec et de la Sûreté du Québec pour vérifier les antécédents de chaque chauffeur. »

La règlementation interdit également de passer au cœur des villes avec un tel chargement.

Depuis le 14 août 2006, tout nouveau camion-citerne destiné au transport des matières dangereuses, doit être muni d’un appareil permettant de faire un suivi du comportement du conducteur, ou d’un système électronique de stabilisation du véhicule, qui assiste le chauffeur en cas de manœuvre critique. Mais le système coûte cher, environ 3 000 $ par camion et les plus petites entreprises ont de la difficulté à assumer la facture.

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