Admettons…
Le ministre des Finances, Raymond Bachand, croit que le conflit actuel entre les étudiants et l’État ne peut se régler autour d’une table. Il propose plutôt de régler ça en élection. Selon lui, il y a «un parti qui veut la gratuité scolaire, il y a un parti qui veut geler les frais de scolarité et il y a deux partis qui pensent qu’il faut qu’on finance les universités […]. D’ici un an, il va y avoir des élections au Québec.» Reste à savoir si une élection est vraiment la solution miracle.
Admettons que Jean Charest déclenche une élection ce printemps, en pleine turbulence sociale. J’en doute fort, mais pour les besoins de l’exercice, le scénario doit être évoqué. Admettons que les plus récents sondages disent vrai et que le Parti libéral ne connaisse pas la dégelée que certains lui prédisent. Les libéraux pourraient l’emporter avec une mince marge. Ils n’auraient certainement pas la majorité, mais cela n’empêcherait nullement M. Charest d’être premier ministre du Québec.
Admettons que toutes ces hypothèses se confirment. Que feront les manifestants qui sortent dans la rue tous les soirs depuis quelque temps? Accepteront-ils
le verdict populaire? Les 73 % des Québécois qui n’approuvent pas le gouvernement lui redonneront-ils une légitimité pour toutes les réformes qu’il aura proposées en campagne? Bref, le gouvernement aura-t-il vraiment les coudées franches? Est-ce que le processus démocratique permettra le retour d’une certaine paix sociale? Peu importe le résultat, il est à souhaiter que le Québec retrouve une certaine cohésion et le respect de ses institutions.
Le débat sur les frais de scolarité est très polarisé. La population semble plus divisée que jamais, car les modérés ont de la difficul-té à se faire entendre. Une campagne électorale dans un tel contexte ne serait pas souhaitable. Vivement une médiation. Ça permettrait de faire une réelle trêve pour négocier un nouveau pacte sur l’éducation supérieure.
Une solution négociée qui permettrait d’assurer l’accessibilité, la qualité, la saine gestion et un financement adéquat. Ce doit être possible…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.