La question à un million

Paul St-Pierre Plamondon. Ryan Remiorz / La Presse Canadienne Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

Chaque course à la chefferie du PQ donne l’impression d’un parti en crise existentielle perpétuelle, incapable de dire clairement ce qu’il est, ni ce qu’il propose. Cette nouvelle course pourrait faire une brèche dans ce scénario qui se répète en boucle, si le parti ose emprunter une voie plus assumée.

Perplexe – voilà ce qui pourrait décrire l’état d’esprit des péquistes devant l’impopularité persistante du PQ face à un parti libéral qui a formé le gouvernement pendant 13 des 15 dernières années, et ce, en dépit des multiples scandales de corruption dont il a été l’objet. Comment se fait-il que le PQ n’apparaisse pas aux électeurs comme une alternative viable? C’est la question à un million…. de votes.

L’entrée en scène de deux candidats de la nouvelle génération, Cloutier et Hivon, auxquels s’ajoute maintenant un «orphelin politique», Paul Saint-Pierre Plamondon, permet aux péquistes las de revivre le jour de la marmotte et d’espérer que cette course à la chefferie force un débat honnête sur quelques questions de fond devenues taboues dans le parti de René Lévesque.

Pourquoi, en effet, la population boude-t-elle le PQ? Le peu d’appétit pour le projet souverainiste est la raison sans cesse évoquée. La solution de presque tous les candidats à ce problème récurrent? On annonce qu’on reporte le référendum à un moment opportun.

Si l’article 1 du parti est mis en veilleuse, pour combien de temps le sera-t-il? Et quelle est alors la vocation politique du PQ? Ces questions ne peuvent être laissées en suspens.

Le parti ne peut pas se faire élire sur la foi qu’il ne parlera pas d’indépendance, alors même que tous savent que c’est sa raison d’être; il ne peut à la fois rassurer les gens sur le fait qu’il n’y aura pas de référendum et espérer les convaincre du bien-fondé du projet d’indépendance le moment venu. L’électeur moyen n’est pas aveugle à cette ambivalence et n’aime pas être l’objet d’une manœuvre.

Pendant ce temps-là, comment se fait-il que le parti n’œuvre pas activement à construire les conditions qui donneraient le goût aux Québécois de faire l’indépendance ou, au moins, d’y penser? Cela exigerait un travail de fond, un travail de terrain, à la fois près des gens et dans l’espace public, pas entre souverainistes convaincus. Mais dans une posture d’ouverture à l’égard de ceux qu’ils doivent rallier; un travail bien différent des efforts qu’il faut déployer pour remporter le pouvoir et pour gouverner.

Et justement, on ne saisit pas ce que le Parti québécois espère réaliser une fois au pouvoir. D’une fois à l’autre, on ne sait pas où il penche en matière environnementale, sur les questions budgétaires et fiscales, sur le rôle de l’État dans la société et dans l’économie, sur la lutte contre les inégalités, sur le rapport à l’identité. Il affiche un progressisme timoré qui n’a rien d’une option politique claire.

Si le parti n’obient pas les appuis nécessaires pour défaire les libéraux, c’est peut-être parce qu’il est devenu illisible pour les électeurs. Les Québécois n’ont peut-être pas, aujourd’hui, d’appétit pour la souveraineté, mais ils n’ont surtout pas d’appétit pour un projet mal assumé et peu ou pas défendu, pour des orientations sociales et économiques inconstantes, pour les incertitudes et les tergiversations. Le PQ pourrait remporter la prochaine élection sur la seule base de l’alternance qui aurait fait son œuvre. Mais pour combien de temps et pour réaliser quoi? La course à la chefferie devra répondre à la question que tout le monde se pose: À quoi sert le PQ?

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