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KROY: D’ombre et de lumière

Photo: Chantal Lévesque/Métro

Après le succès du premier opus de Milk & Bone, duo électro-pop qu’elle forme avec Laurence Lafond-Beaulne, la chanteuse Camille Poliquin revêt l’identité de KROY pour offrir son premier album complet en solo, Scavenger.

Tant sur les images en noir et blanc de son album Scavenger que dans les mélodies et les paroles de celui-ci, la part d’ombre de KROY se manifeste sans gêne. Le contraste est donc saisissant quand on s’assoit en face de Camille Poliquin, jeune femme tout de noir vêtue mais au sourire radieux et à l’énergie lumineuse.

Cette dualité, la musicienne en est bien consciente, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a choisi de lancer son projet solo sous le pseudonyme KROY. «C’est un peu comme mon alter ego, avance-t-elle. Jamais dans la vie je ne vais être aussi dark, avec les gens, que je peux l’être dans ma musique. En me cachant un peu derrière un pseudonyme, ça me permettait plus d’affaires qui auraient moins de répercussions sur ma personne à moi. Ça fait partie de moi énormément, c’est une partie de ma personnalité qui s’exprime à travers ce projet artistique.»

Camille admet d’emblée que la musique dans laquelle elle a baigné pendant l’écriture et l’enregistrement de l’album en a fortement influencé les sonorités. «J’écoutais The Year of Hibernation de Youth Lagoon, beaucoup de Chet Baker. Ça m’aidait, on dirait. Beaucoup de trip-hop aussi, Portishead, Goldfrapp, du Lykke Li aussi… Je me disais que ça s’entendrait probablement. Mais n’importe quel musicien, si tu fais une synthèse de tout ce qu’il a écouté dans sa vie, tu vas te rendre compte que ça s’entend dans son œuvre. Personne n’a exactement les mêmes références, et c’est ce qui fait que chacun est différent.»

«Les albums que j’ai préférés dans ma vie, j’ai lu et relu le livret, étudié la pochette, je les ai achetés en vinyle… Ça devient un objet de collection. Le fait qu’il y ait un virage numérique pour la musique, je pense que ça fait juste en sorte qu’on accorde encore plus d’importance à l’objet quand on aime un album.» – Camille Poliquin, qui a accordé une importance marqué à l’aspect visuel de son album

Alors que KROY existe depuis 2012 (elle a lancé un album en 2014), les chansons qui composent son nouvel album, dans lesquelles transparaît le spectre d’une peine d’amour, étaient déjà presque toutes écrites à l’époque. «C’est comme une sorte de série que je dois vraiment sortir avant de recommencer à écrire pour pouvoir changer de sujet, fait valoir Camille. Ce sont des chansons qui ont été écrites autour du même moment. Je me disais qu’il fallait qu’elles soient ensemble.»

Et elle voulait prendre le temps de bien le faire, dit-elle pour expliquer le temps écoulé entre le lancement de son projet et la sortie de son album, qu’elle a réalisé avec Marc Bell et Pascal Shefteshy. «Ç’a quand même été moins rapide que ça aurait pu l’être si j’avais été moins occupée», dit celle qui accompagne notamment David Giguère dans ses concerts et achève la tournée de Milk & Bone cet automne. «Mais les deux se croisent de façon toute naturelle: on termine la tournée, et après, on entre en écriture pour le prochain album. Je vais pouvoir être sur la route avec KROY, appeler Laurence, lui envoyer des trucs», se réjouit-elle.

Images en musique
Camille Poliquin et sa comparse de Milk & Bone Laurence Lafond-Beaulne ont récemment ajouté une corde à leur arc en signant la trame sonore du film King Dave. Une expérience qu’elles répéteront puisqu’elles composent actuellement la musique d’un documentaire américain.

«Avec King Dave, c’était la première fois qu’on faisait ça; Podz nous avait vues en concert à Osheaga et nous avait confié la mission, se souvient Camille. C’est tellement différent de faire de la musique pour quelqu’un d’autre que pour soi. Quand c’est moi ou moi et Laurence, qui décidons si nous sommes contentes du produit, ça s’arrête là. Mais là, s’ils n’aimaient pas ça, ils pouvaient nous le dire et il fallait qu’on le change. Mais c’était super le fun : l’équipe était géniale et nous faisait confiance.»

Travailler à partir d’images lui est d’ailleurs apparu à la fois très inspirant et comme «un honneur». «On prête une émotion à des personnages, fait-elle remarquer. Si, pendant une scène, on décide de mettre une musique super joyeuse ou très triste, ça change complètement le film. C’est quand même un gros rôle à jouer.»

Découvertes au féminin

Son disque fait partie des albums attendus de la rentrée, mais quels sont les derniers coups de cœur de Camille Poliquin?

Upsweep de Hannah Hepperson: «C’est une Américaine, je trippe sur ce qu’elle fait, et elle vient tout juste de lancer son premier album.»

My Woman d’Angel Olsen: «Elle n’est pas nécessairement nouvelle dans le paysage musical, mais je viens de la découvrir grâce à son disque qui vient de sortir.»

Puberty 2 de Mitski: «Son nouvel album est sorti cet été et je l’adore.»

 

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