Et si le mentorat était «LA» solution?
C’est l’histoire d’une jeune fille de la génération Y qui aime 1000 choses et qui ne pouvait pas choisir «seulement» l’informatique jusqu’à ses 28 ans avant que quelqu’un vienne lui donner un petit coup de pouce!
Sarah-Jeanne a la bougeotte et de l’énergie à revendre. Elle parle très vite et, à 28 ans, a eu plus de jobs que la plupart d’entre nous. «Je me suis longtemps demandé quelle était ma passion. J’ai étudié la musique au secondaire. Au cégep, j’aimais les sciences, mais également la littérature. J’ai enseigné le français à des lycéens. J’ai participé à un club de scrabble. J’ai commencé la nage synchronisée à 26 ans. J’ai appris à résoudre un cube Rubik en 45 secondes. J’ai travaillé pendant 12 ans dans des camps de jour. Puis, j’ai réalisé que ma passion est en fait d’apprendre.» Elle travaille maintenant en tant que développeuse web chez ChallengeU, une plateforme en ligne qui aide les jeunes qui ont décroché de l’école à finir leur secondaire.
«Je ne dis jamais non. J’ai tout le temps peur de manquer quelque chose.»
On parle souvent du mentorat et d’accompagnement pour aider les femmes à se hisser dans la hiérarchie entrepreneuriale. Pour Sarah-Jeanne, la rencontre avec le directeur de la technologie de l’entreprise dans laquelle elle travaille a été déterminante. «J’ai été chanceuse de le rencontrer. Il m’a beaucoup aidée chaque fois que j’avais un problème technique. Les plus importants conseils qu’il m’ait donnés portaient sur comment travailler avec des développeurs et comment devenir développeuse. Il m’a enseigné les bonnes pratiques de la profession. Il m’a expliqué comment chercher, trouver des ressources et des solutions aux problèmes que je rencontrais. Il m’a montré comment devenir développeuse au lieu de m’apprendre à développer. Et maintenant, c’est à mon tour de transmettre mon savoir.»
En effet, Sarah-Jeanne est également mentor pour l’organisme qui apprend aux femmes à programmer LLC (Ladies Learning Code). «Lorsqu’on m’a demandé de donner des ateliers pour LLC, ma première réaction a été de penser: non, c’est pas possible! Puis, j’ai réalisé que j’en serais capable. J’en suis capable. Si on me le demande, c’est que je peux le faire!»
«Je me sens tellement puissante lorsque je programme! Je crée quelque chose qui n’existait pas quelques minutes auparavant!»
Chez ChallengeU, au départ, elle donnait des formations et travaillait au soutien technique aux utilisateurs. Depuis sept mois, elle est officiellement développeuse. Ça ne s’est pas fait en un jour. «Je ne suis probablement pas la meilleure développeuse du monde, car j’ai eu d’autres jobs avant celle-là. Les autres sont meilleurs, car ils s’y sont dédiés à 100%. Moi j’aime toucher à tout.» Elle a commencé sa transition vers l’informatique en relevant les «bugs» qu’elle découvrait ici et là. «Lorsque je me butais à quelque chose qui ne fonctionnait pas, je cherchais des façons détournées de comprendre les processus, de trouver des solutions.» Elle se fait vite remarquer pour ses compétences de programmation: «Les développeurs étaient très occupés et parfois, si je voulais avancer, il fallait que je me débrouille seule. Avec le temps, l’équipe s’est rendue compte que j’avais du potentiel, que j’étais motivée et très intéressée.»
Son amour pour l’informatique n’a pas commencé à 28 ans. Elle a toujours été attirée par cette science. «Lorsque j’étais enfant, mon père et moi avions programmé un triangle qui se déplaçait d’un côté à l’autre de l’écran. En secondaire 1, j’ai eu un cours de 75 minutes de HTML et je me suis dit “Wow!”. Tu pars d’un écran vide, tu écris quelques lignes et tu as de la couleur! Vers 16 ans, j’ai fait un site très laid pour la job de ma mère! Mon nom de camp de jour était Pixelle. En fait, je le savais déjà à 14 ans ce qui m’intéressait.»
«Je suis quelqu’un de super paresseuse [rires], c’est ce qui me pousse à programmer des scripts pour que les processus s’automatisent.»
La jeune femme est la seule de l’équipe de développeurs, mais elle ne trouve pas que ce soit son genre qui la différencie. Sarah-Jeanne avance être le pont entre «les normaux» et «les ninjas» [note: les non-développeurs et les développeurs]. «Je suis la personne qui est capable de vulgariser et communiquer avec les non-initiés. Je fais partie de l’équipe au même titre que les hommes! Au début, je ne me suis pas questionnée sur nos différences de genre, maintenant je suis consciente que je suis une femme dans un métier d’hommes. J’ai une conscience sociale plus affirmée également.»
«La programmation, c’est comme le sport. Tu es tout le temps en train de repousser tes limites. Si tu embarques dans le train tu n’as pas le choix de tout le temps te pousser, car personne ne va t’attendre, le train va continuer d’avancer.»