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Daddy Yankee: Tellement plus que Despacito

Photo: Steven Yates / Métro

Daddy Yankee n’est pas l’homme de un, deux, trois succès. En interprétant une succession de ses succès, justement, le rappeur portoricain a rappelé à Montréal que si on le surnomme le Roi du reggaeton, ce n’est vraiment pas pour rien.

S’il nous fallait commencer par une référence au tube de l’été (nous vous laissons deviner lequel), nous dirions que le show qu’a donné l’artiste au stade Uniprix samedi s’est déroulé tout sauf doucement. Dès le départ, il y a eu un effet de bombe avec Rompe, single tiré de l’album live Barrio Fino en Directo, paru en 2005, suivi de King Daddy. Un morceau dynamite amplifié par les «Daddy!» de la foule.

Le traditionnel «Buenas noches Montreal!» a résonné par la suite. Alternant entre l’espagnol et l’anglais, il a salué ses gente et rassuré les troupes : «Si vous êtes venus faire la fête, vous êtes au bon endroit.»

DY a toutefois proposé une inversion des rôles. «Ce soir, faisons ça différemment, d’accord? Vous serez les artistes, nous serons les fans, OK?»

Les fans le sont quand même restés. Pendant l’intro du tube de 2004 Lo Que Pasó, Pasó, il n’a même pas eu besoin de prendre le micro. Les spectateurs ont fait le travail.

«Où sont les demoiselles ce soir?» a-t-il demandé. Elles étaient pas mal partout.

Entre les jets de fumée sporadiques, il a enchaîné tube sur tube de façon à faire rougir de gêne quiconque croyant que Daddy Yankee était l’homme d’un, deux, trois hits.

Ainsi, au cours de cette grande fête, il a balancé la dansante La Despedida, tirée de Mundial, débutant par sa prière : «Antes que me vaya dame un beso.» Toujours dans la ligne des morceaux diablement accrocheurs, il a offert la récente Hula Hoop (pendant laquelle ses danseurs ont agrippé, en effet, des hula hoops).

Remontant dans le temps, il y a eu Gasolina, hit gigantesque de Barrio Fino, paru sous sa propre étiquette, El Cartel Records, en 2004. Sans oublier Machucando et son amorce («bailando-oh-oh»). Et Lovumba, pièce pendant laquelle le rythme prend possession de tout, extraite de son sixième opus de 2012, Prestige. (Ouaip, il a vraiment parcouru l’ensemble de sa discographie.)

Quelque chose de plus récent ou d’actuel? De El Disco Duro, son nouveau long jeu encore à paraître, il a servi les singles déjà à succès Sigueme Y Te Sigo et Vaivén, ainsi que Shaky Shaky, simple accompagné d’une chorégraphie énergique. Ça bougeait effectivement pas mal.

Maîtrisant la scène, souriant tellement sincèrement, remerciant avec tout autant de cœur, l’artiste de 40 ans, l’air de 10 de moins, est revenu sur ses origines modestes, sur la chance qu’il a eue de prendre un jour le micro, de montrer ses talents de rappeur. Non, il n’a pas oublié ses racines, a-t-il assuré. «I remember that, baby

Destiné à une carrière de joueur de baseball, celui qui est né Ramón Luis a dû mettre fin à son rêve lorsqu’il a été pris dans une fusillade et blessé à la jambe. La solution a été la musique. «Je n’avais pas de radio, pas de vidéo, rien, s’est-il souvenu. J’ai commencé dans mon barrio, mon quartier. Ça m’a donné la confiance. L’assurance.»

Il a d’ailleurs rappelé que ce n’est pas la même chose quand on a «vécu une vie remplie d’expériences» comme lui avant de catapulter Limpia Parabrisas.

Entouré de ses danseurs de feu, il n’a joué LE délire estival Despacito qu’à la fin – ou presque. En fait, il l’a joué. Puis il est revenu pour La Rompe Corazones.

Élégant, il a remercié tous les spectateurs d’origine latino d’être venus le voir. Et il a ajouté : «Si vous êtes nés au Canada, d’origine canadienne, merci pour votre soutien!» De rien, de rien.

(Petit aparté ici en ce qui a trait à la «zone VIP». Kendrick Lamar s’est énervé contre celle-ci au Festival d’été de Québec. Liam Gallagher a apostrophé une des spectatrices qui y était installée à Osheaga. DY n’a rien dit à ce sujet, mais son regard était souvent attiré vers l’arrière de la salle. On le comprend : dans la section réservée aux soi-disant vraiment importantes personnes, délimitée par une clôture, c’était drôlement plus tranquille. S’il y avait visiblement des passionnés, beaucoup restaient immobiles, sirotant un verre. Surtout pour un artiste au propos comme celui de Daddy, ce type de séparation semble peu nécessaire. C’est un peu moche pour les fans. Comme pour l’artiste. Fin de l’aparté.)

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