Manufacturier: le fossé des sexes persiste
OTTAWA — Les efforts pour attirer plus de femmes vers le secteur manufacturier échoueront si on n’offre pas aux filles l’éducation et la formation dont elles ont besoin pour occuper ces emplois, prévient un nouveau rapport.
L’enquête publiée mercredi par Manufacturiers et Exportateurs du Canada explique que les entreprises cherchent «activement» à recruter des femmes, mais que les candidates sont «rares».
Les femmes représentent actuellement 48 pour cent de la main-d’oeuvre canadienne, mais elles occupent seulement 28 pour cent des emplois du secteur manufacturier. C’est encore pire au chapitre des métiers spécialisés, où les femmes représentent seulement 4,5 pour cent des travailleurs.
La présidente du conseil d’administration de Manufacturiers et Exportateurs du Canada, Rhonda Barnet, a dit qu’il est «dommage» de constater qu’aucun progrès n’a été réalisé en 30 ans. En revanche, poursuit-elle, les femmes qui occupent des emplois manufacturiers sont «très satisfaites» et elles recommanderaient une carrière dans ce secteur à quelqu’un d’autre.
L’enquête a été menée en ligne entre le 30 août et le 28 septembre. Elle a généré 826 réponses, dont 640 qui provenaient de femmes.
Parmi les éléments les plus notables, on mentionne que le domaine manufacturier est dominé par les hommes, et que sa culture l’est du fait même.
«Le fossé des sexes existant décourage les femmes d’envisager une carrière dans le secteur manufacturier, peut-on lire dans le rapport. Cela donne naissance à un cercle vicieux où les femmes évitent les emplois manufacturiers parce qu’il n’y a pas assez de femmes dans le secteur manufacturier.»
Malgré tout, les quelques hommes qui ont participé à l’enquête ont dit croire qu’hommes et femmes sont traités équitablement dans ce secteur. «Le fait que les hommes ne perçoivent aucun problème fait partie du problème», prévient le document.
Les femmes semblent aussi peiner à obtenir l’éducation et la formation dont elles ont besoin pour occuper ces emplois. Selon les données de Statistique Canada, en 2015, seulement 66 femmes étaient inscrites à un programme d’apprentissage pour devenir machinistes, contrairement à 1545 hommes, et 54 femmes étaient inscrites comme ferblantières, contre 1476 hommes.
Le rapport demande aux compagnies et gouvernements de redoubler d’efforts pour encourager les jeunes filles à s’intéresser aux métiers spécialisés ou aux domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques.
«On sait que les portes se referment si on attend trop longtemps», dit Mme Barnet.