Opioïdes: le chef du NPD plaide pour un virage
OTTAWA — Le chef néo-démocrate demande au gouvernement Trudeau d’envisager la décriminalisation de toutes les drogues illicites afin de lutter plus efficacement contre la crise des opioïdes.
Jagmeet Singh avait fait de cette décriminalisation un enjeu de sa campagne dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD). Il souhaite maintenant que le parti inscrive cette position dans ses politiques.
Le NPD doit tenir son congrès fédéral en février, à Ottawa.
En entrevue cette semaine, M. Singh a soutenu que les données scientifiques démontrent l’inefficacité de la prohibition et de l’approche pénale, et il estime qu’on devrait emprunter une voie plus sensée. Il précise par ailleurs que les trafiquants devraient toujours, bien sûr, être poursuivis.
L’ancien avocat criminaliste a beaucoup parlé de la crise des opioïdes depuis son élection à la tête du NPD. Il a visité la semaine dernière un centre de prévention des surdoses dans le quartier chaud de Downtown Eastside, à Vancouver. Pendant sa pratique du droit, il dit avoir constaté l’inefficacité de la prohibition des drogues illicites.
Selon le chef néo-démocrate, la majorité des Canadiens dépendants aux opioïdes sont aussi aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de pauvreté.
«Nous poursuivons et emprisonnons des gens qui ne devraient pas l’être: ces gens doivent plutôt être aidés et soutenus», a estimé M. Singh.
Samedi dernier, lors du congrès du NPD de la Colombie-Britannique, il avait déclaré aux quelque 2000 délégués que le système pénal canadien devrait être modifié pour reconnaître que la toxicomanie constitue un enjeu de justice sociale et non de justice criminelle.
Plusieurs experts pressent le gouvernement fédéral d’envisager de nouvelles approches, notamment celle du Portugal, qui ne poursuit pas les contrevenants pour une possession simple de petites quantités de drogues illicites, tout en offrant par ailleurs un soutien psychosocial aux personnes toxicomanes.
Plus tôt cette année, le directeur de la santé publique de la Colombie-Britannique, Perry Kendall, a estimé que l’on gaspillait temps et argent en poursuites criminelles, alors que l’approvisionnement et le bilan des morts croissent toujours.