Montréal-Nord: un forum pour parler des conditions de vie des ainés
Jeudi aura lieu la 2e édition du forum «Vivre et vieillir à Montréal-Nord», coordonné par le Centre d’action bénévole de Montréal-Nord. Les organisateurs de l’événement estiment que les organismes œuvrant pour les ainés souffrent encore d’un manque de financement.
La première édition, qui a eu lieu l’an passé, se voulait un forum de réflexion, définissant les grands enjeux liés aux ainés à Montréal-Nord, tels que l’isolement, le logement, le transport et la sécurité.
«L’objectif, cette année, c’est de passer de la réflexion à l’action sur ces thématiques, explique Isabelle Desrochers, directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB). Nous allons tenter de trouver des pistes de solutions aux problématiques ciblées l’an passé.»
Plusieurs organismes concernés par le vieillissement seront présent à l’événement, qui se tiendra jeudi 8 novembre.
«L’an passé, nous avions une cinquantaine de personnes présentes, explique Jean-Marc Laforest, chargé de projet au CAB. Cette année, nous espérons en avoir une centaine.»
Le logement, enjeu majeur
Le logement est l’une des thématiques qui sera discutée lors du forum «Vivre et vieillir à Montréal-Nord».
«Le logement est une source de problème pour nos ainés, affirme Jean-Marc Laforest. Une part très importante de leurs revenus passent dans le logement.» – Jean-Marc Laforest, chargé de projet au Centre d’action bénévole de Montréal-Nord
En effet, selon une étude «logement et pauvreté» à Montréal-Nord menée dans le cadre du Recensement 2016, 52% des 65 ans et plus consacreraient plus de 30% de leur budget dans le logement. C’est plus que toutes les autres tranches d’âges. Pour Marie-Ève Lemir, organisatrice communautaire au Comité logement de Montréal-Nord, il faut en faire faire plus loger des ainés dans un budget raisonnable.
«Les résidences privées sont souvent trop chères pour des personnes ne touchant que des petites pensions de retraites, avance-t-elle. Nous manquons de logements sociaux à Montréal-Nord. Il n’y a que 426 logements HLM dans tout l’arrondissement, dont un peu plus de la moitié réservée aux ainés. C’est trop peu.»
Elle explique en outre que ces dernières années, des projets ont été mis en place par l’arrondissement pour améliorer l’habitation des ainés.
«Il faut poursuivre les efforts, affirme Marie-Ève Lemir. Il faut surtout des logements avec une accessibilité facilité. Je vois des personnes contraintes de ne pas sortir, car elles n’arrivent pas à monter ou descendre les marches.»
Un manque de financement des organismes ?
Pour Isabelle Desrochers, les organismes communautaires des ainés ne recevraient que trop peu de subventions publiques.
«Dans le plan stratégique de l’arrondissement (2016-2025), on parle peu des personnes agées, affirme la directrice générale du CAB. Pourtant, à Montréal-Nord, on est dans un sablier, il y a la même proportion d’ainés que de jeunes gens.»
Selon les chiffres du recensement 2016, la part des 15-34 ans atteindrait 24%, alors que les 65 ans et plus représenteraient 20% de la population de l’arrondissement.
«Avec les plans priorités jeunesse c’est sûr que beaucoup de choses sont faites pour les jeunes, et c’est une très bonne chose, admet Marie-Ève Lemir. Mais il ne faudrait pas que les ainés se retrouvent délaissés.»
Isabelle Desrochers précise que ce sont les organismes proposant un volet de développement social qui seraient le plus à la peine.
«À Montréal-Nord, il n’y a qu’un seul organisme ayant vocation de développement social qui reçoit un financement, c’est le Carrefour des retraités, affirme-t-elle. D’autres organismes sont soutenus, mais avec un objectif plus axé sur le loisir.»
De son côté, l’arrondissement se défend, expliquant qu’il ne peut pas être dans la même démarche que celle entreprise pour les organismes jeunesse, axé sur le développement social telle que la recherche d’emploi.
«Nous donnons des sommes importantes aux clubs du 3e âge, qui œuvrent pour le loisir et les activités, soutient la mairesse de Montréal-Nord Christine Black. La cause des ainés nous importe beaucoup, et quand nous finançons des organismes comme les Fourchettes de l’espoir, cela profite également à nos personnes âgées.»
La mairesse affirme en outre qu’une réflexion sera menée à partir du printemps 2018 pour l’amélioration des services. Isabelle Desrochers l’admet, des efforts sont faits en la matière.
«Nous sommes en dialogue avec l’arrondissement, explique Isabelle Desrochers. Les élus semblent conscients qu’il n’y a pas forcément beaucoup de financement pour ce type de projet. Montréal-Nord semble ouvert à repenser ses programmes d’aides.»