Cadeaux des Fêtes: Postes Canada prévoit des retards de livraison
Jennifer Critch espère passer le matin de Noël à regarder ses deux filles jouer avec un tout nouveau circuit de train sur table.
Mais la résidante du sud-ouest de l’Ontario craint que le jouet ne soit pas livré à temps par Postes Canada, qui dit tenter de résorber un arriéré sans précédent après une interruption de travail de plusieurs semaines.
Les malheurs de Postes Canada, ainsi que le départ du transporteur Greyhound de l’Ouest canadien en octobre, donnent des maux de tête à de nombreux Canadiens à l’arrivée du temps des Fêtes.
Les filles de Mme Critch, qui ont 3 ans et 18 mois, sont hypnotisées par le train de leur bibliothèque municipale chaque fois qu’elles s’y rendent, et leur mère voulait donc leur offrir quelque chose de semblable pour la maison.
«Ce devait être leur gros cadeau de Noël cette année, a-t-elle raconté. J’espérais l’assembler pour qu’elles puissent le voir à leur réveil le matin de Noël.»
Mme Critch ne conduit pas et vit dans une zone rurale, de sorte que les achats en ligne lui semblaient être une option sans stress. Mais la date de livraison estimée continue de reculer alors que son colis se trouve dans un entrepôt à une heure de route, à Mississauga, en Ontario.
«Je serai satisfaite si je le reçois la veille de Noël, a-t-elle lâché. Je veux juste l’avoir avant Noël.»
Le gouvernement fédéral a contraint les membres du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes à reprendre le travail à la fin du mois dernier, après cinq semaines de grèves tournantes. Le conflit porte notamment sur l’équité salariale et la sécurité.
Postes Canada doit traiter un volume de colis de deux à trois fois supérieur à la normale pour cette période de l’année, a déclaré le porte-parole Jon Hamilton. L’arriéré de six millions de colis est concentré dans les principaux centres de traitement tels que Toronto et Vancouver.
Les garanties qu’un colis sera livré dans un délai déterminé ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre.
«Nous faisons tout notre possible pour faire le plus de livraisons possible, mais les retards accumulés (…) signifient que la livraison sera très imprévisible», a expliqué M. Hamilton. «Nous allons faire beaucoup de livraisons avant Noël, mais nous continuons à examiner ce qui pourrait ne pas partir avant Noël.»
Un retour à la normale incertain
La société d’État a loué 1400 véhicules supplémentaires pour les livraisons et 500 autres pour le transport d’articles entre les installations. Elle a également ajouté 4000 employés saisonniers.
Mais les manifestations aux centres de tri de Postes Canada et la perspective de mauvaises conditions hivernales ne permettent pas de savoir quand le retour à la normale aura lieu.
Le président national du syndicat, Mike Palecek, a nié que les grèves tournantes aient pu causer un arriéré et croit que Postes Canada a cherché à créer un sentiment d’urgence.
Au sujet des retards de livraison, M. Palecek a ajouté: «Cela me semble être un problème de mauvaise gestion.»
Un autre mode d’expédition populaire — Greyhound — n’est plus une option à l’ouest de Thunder Bay, en Ontario. Les autocars de passagers transportaient souvent des paquets entre les petites villes, mais le transporteur a abandonné tous ses itinéraires sauf un dans l’ouest du Canada, en octobre. Seul le trajet Vancouver-Seattle, géré du côté américain, subsiste.
La décision de Greyhound a entraîné une augmentation des coûts de Custom Woolen Mills, une entreprise qui transforme la laine récoltée dans les fermes du pays en couvertures, chaussettes et autres produits dans une zone rurale située au nord de Calgary. C’est la période de l’année la plus occupée pour l’entreprise familiale.
«La laine a beaucoup de volume. Vous ne pouvez pas l’écraser. Ce n’est pas comme envoyer une livre de beurre. Une livre de laine prend beaucoup d’espace», a expliqué la directrice de l’entreprise, Maddy Purves-Smith.
Elle estime que l’usine dépense de 30 à 40% de plus pour les envois par messagerie et par camion maintenant que Greyhound n’est plus dans le portrait.
«Greyhound avait des prix très intéressants et (ses autocars) se rendaient dans tout le pays. Un grand défi que nous avons maintenant qu’ils sont partis, c’est qu’il n’y a pas une tonne de messagers qui desservent les zones rurales et les endroits un peu plus éloignés.»