Une pièce de théâtre pour optimiser le rétablissement
Des patients et des intervenants de l’Institut universitaire de santé mentale de Montréal (IUSMM) sont en train de monter une pièce de théâtre qui agit comme médium thérapeutique. L’objectif est de favoriser la réinsertion sociale et le rétablissement des individus qui y prennent part.
Dans la salle de spectacle du Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve (PECHM), une quinzaine de personne costumée, scénario à la main, répète leur pièce sous la direction de leur metteure en scène. Ensemble, ils ont fait le pari qu’une telle implication pouvait améliorer leur qualité de vie.
Ils se nomment les Artistes Anonymes et vont présenter la pièce de théâtre La forêt intérieure, le 14 mars à la Maison de la culture Mercier. Cette troupe réunit patients et intervenants du Programme des Troubles Psychotiques (PTP) de l’IUSMM du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.
Ils ont chacun écrit des bribes de l’œuvre qui explore le chemin du rétablissement chez les patients atteints de troubles psychotiques. Ils ont choisi le sujet après de longues discussions, qui touche des gens atteint de schizophrénie, de Trouble de la Personnalité Limite (TPL) ou de trouble paranoïde, mais aussi tout individu qui doit faire face à un obstacle.
Poète affranchi, Normand apprécie de pouvoir jouer ses propres écrits. «Jouer ça c’est intense, ça sort de moi», explique-t-il. Après avoir fait face au trac, il soutient que plus grand-chose ne peut l’arrêter. «La minute que tu mets le pied sur la scène, c’est comme un gros sac d’un million de livres qui s’enlève et tu es libre», illustre-t-il.
«Il y a un processus intérieur qui se produit, comme un parallèle. À mesure que la pièce avance, on dirait que nous aussi on avance.»
— Normand Rivard, poète et acteur
Ergothérapeute au PTP, Carmela Schiraldi et un collègue infirmier ont monté ensemble le projet de théâtre, qui en est à sa deuxième année. «Pour amener les gens à travailler différentes habiletés, on a beaucoup d’activités sportives, mais on n’avait rien qui répondait à un intérêt artistique», explique-t-elle.
La pièce d’environ une heure s’adresse à une audience de tout âge, sensible aux problématiques de santé mentale et au travail des intervenants qui les accompagnent.
Outil de rétablissement
En plus de démystifier les défis de santé mentale, cette pièce permet d’augmenter l’estime et le sentiment d’appartenance des participants. La troupe a ainsi de multiples retombées, qui vont jusqu’à la diminution des symptômes négatifs de la maladie, comme le niveau d’énergie et la concentration.
Musicien professionnel, Jean-François a 35 ans et vient de Tétreaultville. Habitué de gérer le trac de la scène, il va plutôt chercher avec cette activité le contact social. «Ça me fait sortir de chez moi, il y a plusieurs années je n’aurais pas été capable de faire ça», soutient-il. Il était jadis trop envahi par des symptômes qui l’isolaient et le faisaient souffrir.
La Saguenéenne Nancy a trouvé, avec l’aide de ses intervenants, diverses façons de diminuer son stress. Musique, exercice de respiration et se mettre de l’eau dans le visage font partie des petits gestes qui lui permettent de se calmer. Jouer au théâtre lui a fait «découvrir ce que je suis capable de faire», en plus de s’exprimer et de s’ouvrir.
La pièce La forêt intérieure sera présentée le 14 mars à 19h à la Maison de la culture Mercier, 8105 rue Hochelaga. La contribution est volontaire.