Les «food trucks» seulement présents pendant des événements à Montréal cet été
La Ville de Montréal a décidé d’abolir la présence de camions de cuisine de rue à des sites fixes sur une base quotidienne en misant plutôt sur la création de divers rassemblements. Une décision qui survient alors que la popularité de ces restaurants ambulants s’essouffle dans la métropole.
En 2017, six arrondissements ont réservé des sites de leur territoire à la cuisine de rue. L’été dernier, ils n’étaient plus que trois alors que près de 95% des camions de cuisine de rue ouverts quotidiennement se sont concentrés dans l’arrondissement de Ville-Marie. Il n’y avait par ailleurs plus que 21 de ces camions à Montréal l’an dernier contre 35 en 2015, selon des données de l’Association des restaurateurs de rue du Québec (ARRQ).
Alors que le nombre d’emplacements dédiés à ces restaurants ambulants est passé de 44 à 28 au cours des quatre dernières années, «nous avons constaté que les propriétaires de camions de cuisine de rue se tournaient plutôt vers des événements qui génèrent davantage d’achalandage», a affirmé jeudi le responsable du développement économique et commercial à la Ville de Montréal, Robert Beaudry, lors d’une conférence de presse tenue à la place Vauquelin.
En plus de signer des contrats privés pour offrir leurs services, par exemple, pour des mariages ou des fêtes privées, les camions de cuisine de rue prennent aussi part depuis quelques années à des événements comme les «Premiers Vendredis», qui réunissent de nombreux camions de cuisine de rue sur l’esplanade du Parc olympique chaque premier vendredi du mois de mai à octobre.
«On s’est remis à des contrats privés et à des événements parce qu’il faut faire de l’argent pour survivre, comme toute autre entreprise.» -Stefan Jacob, chef-propriétaire de l’entreprise Das Food Truck, qui possède quatre camions de cuisine de rue à Montréal
La Ville a ainsi décidé de suspendre son règlement désignant des endroits précis où peuvent s’installer les camions de cuisines de rue, initialement mis en place en 2015.
«On ne misera donc plus sur des sites fixes, statiques, présents tous les jours. On veut plutôt développer un calendrier de rassemblements autour de la cuisine de rue auxquels les Montréalais seront conviés», a précisé M. Beaudry.
L’ARRQ, en collaboration avec l’arrondissement Ville-Marie, réalisera donc un calendrier de rassemblements de camions de rue afin d’augmenter le nombre d’événements qui permettront de rassembler ceux-ci au centre-ville cet été. Il est entre autres envisagé que des rassemblements de camions de rue aient lieu un vendredi sur deux ou un jeudi par mois sur des sites populaires de l’arrondissement, comme le square Victoria ou la place du Canada.
Les détails de ces événements n’ont pas encore été dévoilés, mais la vice-présidente de l’ARRQ, Gaëlle Cerf, a assuré que plusieurs événements auront lieu chaque semaine de l’été dans différents endroits de l’arrondissement. D’autres arrondissements pourront également créer leurs propres événements, sans toutefois être autorisés à déléguer des sites pour la présence quotidienne de camions de cuisine de rue cet été.
«L’année 2019 sera une année de transition. Nous ferons état de la situation une fois la saison terminée», a ajouté M. Beaudry, précisant que cette décision de l’administration municipale n’est pas définitive, mais représente plutôt un «projet pilote» visant à améliorer la situation financière des camions de cuisine de rue.
Pas de permis
La suspension du règlement municipal désignant les emplacements précis des camions de cuisine de rue mettra ainsi fin temporairement à l’obligation des propriétaires de ces commerces de se munir d’un permis municipal.
«Ils n’auront qu’à s’inscrire sur la plateforme de l’ARRQ et le critère de sélection pour s’inscrire aux événements de leur choix, c’est le premier arrivé, premier servi», a expliqué M. Beaudry.
Une nouvelle qui a réjoui le chef-propriétaire de l’entreprise Das Food Truck, Stefan Jacob.
«Nous, c’était la lourdeur administrative pour faire une demande de permis qui était énorme. C’était un peu illogique», a-t-il déclaré à Métro. M. Jacob a expliqué qu’il devait tenter d’obtenir, chaque été, quatre permis distincts pour ses quatre camions de cuisine de rue, qui servent chacun des mets différents.
L’arrondissement Ville-Marie assure toutefois que les camions continueront d’être inspectés afin d’assurer que ceux-ci respectent les règles de la Ville, notamment en matière de salubrité.
«Bien entendu, l’arrondissement continuera d’assurer un suivi serré de la conformité des camions, des installations et de la nourriture. Il s’agit de conditions non-négociables et tous les joueurs en saisissent l’importance», a indiqué M. Beaudry, qui est également conseiller municipal dans l’arrondissement de Ville-Marie.
Nourriture de qualité
La Ville de Montréal n’entend cependant pas alléger ses restrictions quant à la nourriture autorisée à être vendue par les camions de cuisine de rue. Ceux-ci devront donc continuer d’offrir des mets contenant des produits locaux et ne pas servir plus de 50% de malbouffe.
«Les clients, ce qu’ils demandent de plus en plus, c’est d’avoir de la nourriture saine, donc forcément, ça a un coût parce qu’on demande d’avoir des produits locaux et de qualité», a déclaré Robert Beaudry.
«Il y a des gens qui voudraient qu’on vende des tacos à deux dollars comme au Mexique, mais c’est impossible. La restauration coûte très cher. On paie des salaires élevés, on construit des cuisines, on s’approvisionne de nourriture locale. Tout ça coûte cher.» -Gaëlle Roy
Le calendrier des rassemblements de camions de cuisine de rue qui auront lieu cet été à Ville-Maire sera bientôt disponible sur le site web de l’ARRQ.